Le Bon Chien

Toi, lasse en ton printemps de n’avoir pas aimé,
Gamine au doux profil de vierge du Corrège.
Tu pleures la saison des amandiers en neige
Et les lilas légers du pâle mois de mai.

Ô fillette ! Jamais un ami n’a fermé
Sur toi, petit oiseau, ses deux bras comme un piège ?...
Viens, viens : je te dirai des mots très doux... que sais-je ?...
Je te dirai mes vers tristes, l’esprit calmé.

Allons-nous-en bien loin, bien loin, petite vierge ;
Allons-nous-en là-bas, tu sais... près de la berge
D’où, sur l’eau toute bleue, on voit courir le vent ;

Et plus tard nous aurons, aux fougères d’automne,
Sur le coteau fané, si triste quand il tonne,
Une petite hutte avec un chien devant.

Collection: 
1888

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Vous m’avez regardé avec toute votre âme.
Vous m’avez regardé longtemps comme un ciel bleu.
J’ai mis votre regard à l’ombre de mes yeux…
Que ce regard était passionné et calme…

Voici les mois d'automne et les cailles graisseuses
s'en vont, et le râle aux prairies pluvieuses
cherche, comme en coulant, les minces escargots.
Il y a déjà eu, arrivant des coteaux,
un vol flexible et mou de petites outardes,
et des vanneaux, aux longues ailes...

Voici le grand azur qui inonde la petite ville.
Les paysans sont arrivés pour le marché.
Des petits enfants ont des bas couleur de cerise.
Ils sont venus le long de la fraîcheur des haies.

Là-bas, la neige des montagnes casse le ciel.
Oh ! que tout cela est...

Les villages brillent au soleil dans les plaines,
pleins de clochers, de rivières, d’auberges noires,
au soleil ou sous la pluie grise ou dans la neige
avec des cris aigus de coqs, avec des blés,

avec des chars qui vont lentement aux labours,
avec des charrues qui...

Le village à midi. La mouche d’or bourdonne
                      entre les cornes des bœufs.
                      Nous irons, si tu le veux,
Si tu le veux, dans la campagne monotone.

Entends le coq... Entends la cloche... Entends le paon......