La Sagesse mal appliquée

        Ô Papillon si j’étais toi
        Que j’eusse puissance de Roi
Sur l’odorante fleur qui naît ou meurt sous moi, ─

        N’arrêterais certes mon aile
        Sur une fleur qui n’est que belle,
Mon amour serait pour la pensée immortelle.

        Dame Abeille si comme toi
        Pouvais creuser dans la paroi
Des roses tout l’or-miel que rends de bon aloi,

        Auprès de l’homme, chose sûre,
        N’irais point placer d’aventure
Les excellents produits de ma manufacture.

        Ô fier Aigle si j’étais toi
        Que pusse mettre en désarroi
Le tonnerre et l’éclair, et leur jeter l’effroi,

        Ne bâtirais certes mon aire
        Sur le pinacle d’un calcaire
Que l’orage une nuit peut réduire en poussière.

        Noble Coursier si j’étais toi
        Dont l’œil étincelant d’émoi
De l’espace infini semble dominer Roi,

        Je ne serais assez candide
        Pour onc me soumettre à la bride,
Et j’irais au désert y renâcler le vide.

        Rouge-gorge si j’étais toi
        Dont le chant lorsque tout est coi
Comme un “ Oui ” de l’amour nous apporte l’émoi,

        Ne resterais après l’automne,
        Mais sur mon aile folichonne
Des chauds climats j’irais effeuiller la couronne.


Je parlais, je parlais, j’allais parler toujours,
Quand sur mon front sentis quelque chose d’étrange,
Et s’arrêta soudain mon orgueilleux discours.
Et puis il me sembla que j’entendais un Ange.

        L’Ange me dit : “ Si j’étais toi
        De mon temps ferais mieux l’emploi,
Qu’à critiquer de Dieu les œuvres et la loi :

        “ Ne gaspillerais pas mes peines
        À poursuivre des ombres vaines,
À vouloir réformer de Dieu les phénomènes.

        “ Ne resterais pas à cheval
        Entre le bien, entre le mal,
Mais porterais mon œil du ciel vers le fanal.

        “ L’amour, non plus ses friandises,
        D’un grand renom les gourmandises,
Ne pourraient sur mon moi jeter leurs convoitises.

        “ Je ne rongerais pas mon frein
        Comme toi pour un soin mondain.
Mais vers Dieu je prendrais un élan surhumain.

        “ Répudierais ce monde infâme
        Pour le ciel je ceindrais mon âme,
Pour la vie immortelle et sa céleste flamme.

        “ De chanter donc fais-toi l’octroi,
        Beau chanteur ! mais apprends de moi
Que bête, mouche, oiseau sont plus sages que toi ! ”

Sur un roc escarpé surplombant la montagne,
            Dominant au loin la campagne,
Un chasseur de chamois, Peau-rouge, était assis ;
Épuisé de fatigue il laissait d’aventure
            Au vent flotter sa chevelure,
Charmé de reposer ses pieds endoloris.

Collection: 
1826

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