J'aime l'aube aux pieds nus qui se coiffe de thym

J?aime l?aube aux pieds nus qui se coiffe de thym,
Les coteaux violets qu?un pâle rayon dore,
Et la persienne ouverte avec un bruit sonore,
Pour boire le vent frais qui monte du jardin,

La grand?rue au village un dimanche matin,
La vache au bord de l?eau toute rose d?aurore,
La fille aux claires dents, la feuille humide encore,
Et le divin cristal d?un bel oeil enfantin.

Mais je préfère une âme à l?ombre agenouillée,
Les grands bois à l?automne et leur odeur mouillée,
La route où tinte, au soir, un grelot de chevaux,

La lune dans la chambre à travers les rideaux,
Une main pâle et douce et lente qui se pose,
"Deux grands yeux pleins d?un feu triste",et,sur toute chose

Une voix qui voudrait sangloter et qui n?ose...

Collection: 
1879

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En juillet, quand midi fait éclater les roses,
Comme un vin dévorant boire l?air irrité,
Et, tout entier brûlant des fureurs de l?été,
Abîmer son coeur ivre au gouffre ardent des choses.

Voir partout la vie, une en ses métamorphoses,
Jaillir ; et l?Amour, nu comme...

Mon coeur est un beau lac solitaire qui tremble,
Hanté d'oiseaux furtifs et de rameaux frôleurs,
Où le vol argenté des sylphes bleus s'assemble
En un soir diaphane où défaillent des fleurs.

La lune y fait rêver ses pâleurs infinies ;
L'aurore en son cristal baigne...

Partout la mer unique étreint l'horizon nu,
L'horizon désastreux où la vieille arche flotte ;
Au pied du mât penchant l'Espérance grelotte,
Croisant ses bras transis sur son coeur ingénu.

Depuis mille et mille ans pareils, le soir venu,
L'Ame assise à la barre,...

Oh ! Écoute la symphonie ;
Rien n'est doux comme une agonie
Dans la musique indéfinie
Qu'exhale un lointain vaporeux ;

D'une langueur la nuit s'enivre,
Et notre coeur qu'elle délivre
Du monotone effort de vivre
Se meurt d'un trépas langoureux.

...

Les désespoirs sont morts, et mortes les douleurs.
L'espérance a tissé la robe de la terre ;
Et ses vieux flancs féconds, travaillés d'un mystère,
Vont s'entr'ouvrir encor d'une extase de fleurs.

Les temps sont arrivés, et l'appel de la femme,
Ce soir, a retenti...