Si j’avais les grandes ailes
De la blanche watourila
Aux six tribus fraternelles
Jetant mon plaintif oula,
De notre immense royaume,
Oui, m’en volant jusqu’à Rome,
Aux portes du Vatican,
Dans un héroïque élan,
Je crîrais : « Chef Robe-Noire,
Pio Nono, peux-tu croire.
O Père des Indiens,
Comme de tous les chrétiens ;
O toi, dont l’amour embrasse
Chaque peuple et chaque race :
Près du Kansas,
De l’Arkansas,
Et du Texas,
Il existe un Territoire,
Assez grand, Chef Robe-Noire,
Pour nourrir les Cherokis,
Les Chactas et les Shaunis,
Les Chikassas agricoles,
Les Criks et les Séminoles ;
Mais ces nombreuses tribus,
Hélas ! n’aperçoivent plus
Des fervents Evangélistes
Les infatigables pistes !
Dans la profondeur des bois,
Ne retentit plus la voix
Des Garniers et des Jogues ;
Et les rapides pirogues,
Qui les portaient jusqu’à nous,
Ont déserté nos bayous !
Ah ! pour les Pâles-Visages
Abandonnant les Sauvages,
Non, les apôtres nouveaux
Ne sont plus vêtus de peaux :
Les nomades habitudes
Des lointaines solitudes
Epouvantent les abbés
De nos modernes cités !.....
Envoie, ô Chef Robe-Noire.
A ce vaste Territoire,
À tes enfants oubliés,
D’apostoliques Garniers :
Qu’ils adoptent nos usages,
Et qu’ils parlent nos langages,
Et qu’ils vivent comme nous,
En se faisant tout à tous !»
Si j’avais les grandes ailes
De la blanche watounla
Aux six tribus fraternelles
Jetant mon plaintif oula,
J’irais, dans les séminaires,.
Chercher des Missionnaires,
Pour le Kansas ;
Pour l’Arkansas,
Et le Texas !
Oui, j’irais dans les enceintes,
Où brûlent les âmes saintes,
Les jeunes cœurs pleins de feu,
Demander, au nom de Dieu,
Au nom des nôtres,
Quelques apôtres,
Pour le Kansas,
Pour l’Arkansas
Et le Texas !
Et dans mon grand Territoire,
Je verrais la Robe-Noire,
Nous apprenant à prier,
Réjouir chaque foyer
Du wigwam hospitalier !