Aux Augustins, sans allarmer la Ville,
On fut hier soir ; mais le cas n’alla bien.
L’Huissier voyant de cailloux une pile,
Crut qu’ils n’étoient mis là pour aucun bien :
Très-sage fut, car avec doux maintien,
Il dit : Ouvrez, faut-il tant vous requerre ?
Qu’est-ce ceci ? Sommes-nous à la guerre ?
Messieurs sont seuls, ouvrez, et croyez-moi.
Messieurs, dit l’autre, en ce lieu n’ont que querre,
Les Augustins sont serviteurs du Roi.
Dea (répond l’un de Messieurs fort habile,
Conseiller Clerc, et sur-tout bon Chrétien),
Vous êtes troupe en ce monde inutile,
Le Tronc vous perd depuis ne sais combien,
Vous vous battez, faisant un bruit de chien ;
D’où vient cela ? Parlez, qu’on ne vous serre :
Car que soyez de Paris ou d’Auxerre,
Il faut subir cette commune loi,
Et n’en déplaise aux suppôts de Saint Pierre,
Les Augustins sont serviteurs du Roi.
Lors un d’entre eux, que ce soit Pierre ou Gille,
Il ne m’en chaut, car le nom n’y fait rien ;
Vraiment, dit-il, voilà bel Évangile,
C’est bien à vous de régler notre bien ;
Que le Tronc serve à l’Autel de soûtien,
Ou qu’on le vuide afin d’emplir le verre,
Le Parlement n’a droit de s’en equerre,
Et je maintiens, comme article de foi,
Qu’en débridant Matines à grand-erre
Les Augustins sont serviteurs du Roi.
Sage Héros, ainsi dit Frére Pierre.
La Cour lui taille un beau pourpoint de pierre ;
Et dedans peu me semble que je voi,
Que sur la mer, ainsi que sur la terre,
Les Augustins sont serviteurs du Roi.
Quoi, dit-Elle, d’un ton qui fit trembler les vitres,
J’aurai pû jusqu’ici brouiller tous les Chapitres,
Diviser Cordeliers, Carmes et Célestins !
J’aurai fait soûtenir un Siege aux Augustins !
Et cette Église seule, à mes ordres rebelle,
Nourrira dans son sein une paix éternelle !