Tandis qu’au-dessus de la terre,
des aquilons et du tonnerre,
la belle amante de Newton
dans les routes de la lumière
conduit le char de Phaéton,
sans verser dans cette carrière,
nous attendons paisiblement,
près de l’onde castalienne,
que notre héroïne revienne
de son voyage au firmament ;
et nous assemblons pour lui plaire,
dans ces vallons et dans ces bois,
les fleurs dont Horace autrefois
faisait des bouquets pour Glycère.
Saint-Lambert, ce n’est que pour toi
que ces belles fleurs sont écloses ;
c’est ta main qui cueille les roses,
et les épines sont pour moi.
Ce vieillard chenu qui s’avance,
le temps, dont je subis les lois,
sur ma lyre a glacé mes doigts,
et des organes de ma voix
fait trembler la sourde cadence.
Les grâces dans ces beaux vallons,
les dieux de l’amoureux délire,
ceux de la flûte et de la lyre,
t’inspirent tes aimables sons,
avec toi dansent aux chansons,
et ne daignent plus me sourire.
Dans l’heureux printemps de tes jours
des dieux du Pinde et des amours
saisis la faveur passagère ;
c’est le temps de l’illusion.
Je n’ai plus que de la raison :
encore, hélas ! N’en ai-je guère.
Mais je vois venir sur le soir,
du plus haut de son aphélie,
notre astronomique émilie
avec un vieux tablier noir,
et la main d’encre encor salie.
Elle a laissé là son compas,
et ses calculs, et sa lunette ;
elle reprend tous ses appas :
porte-lui vite à sa toilette
ces fleurs qui naissent sous tes pas,
et chante-lui sur ta musette
ces beaux airs que l’amour répète,
et que Newton ne connut pas.
Épître 79
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