Le Parnasse contemporain/1866/L’Idée

Fluide parcourant les sentiers de l’espace,
Étincelle échappée au foyer créateur,
Elle plane, invisible, elle flotte, elle passe,
Ayant la fantaisie… un souffle pour moteur.

Elle suit son chemin, lente, mais jamais lasse ;
Est calme, ou véhémente, — et, quand, de sa hauteur,
Elle a touché les bords de notre terre basse,
Pour devenir lumière entre au cerveau quêteur.

— Elle était, jusque-là, le bien de tout le monde ;
Mais un front l’a reçue et ce front la féconde ;
C’est un rayon de pris au lumineux faisceau.

Donc, lorsque au moule ardu sa forme est décidée,
On peut dire au penseur artiste : — « À toi l’Idée,
Toi qui sus lui donner et l’empreinte et le sceau !

Collection: 
1971

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Il est, dans les instans que Dieu lui fit, un âge
Où l’homme de génie au cœur sent un orage.
C’est l’âge où règne en lui ce tumulte confus
D’inutiles efforts et de vœux superflus ;
Où de vagues soucis son ame...

Bon ! des travaux d’autrui tu passes la revue,
D’un œil inquisiteur et d’un soin sans égal
Tu cherches ; mais, hélas ! ton œil a courte vue…
Ton repas de chercheur est un repas frugal.

Et pourtant tu jouis à l’aubaine entrevue ;
Tu signales le point que tu crois...

Fluide parcourant les sentiers de l’espace,
Étincelle échappée au foyer créateur,
Elle plane, invisible, elle flotte, elle passe,
Ayant la fantaisie… un souffle pour moteur.

Elle suit son chemin, lente, mais jamais lasse ;
Est calme, ou véhémente, — et, quand, de...

Nous revenions, tous deux, par le triste chemin,
Qui s’emplissait déjà d’une foule pressée.
Tous avaient le pas lent et grave la pensée…
Peut-être songeaient-ils à leur tour pour demain ?

Je sondais, grave aussi, ce large flot humain,
Quand je vois une enfant par...