Je suis ce roi des anciens temps

Je suis ce roi des anciens temps
Dont la cité dort sous la mer
Aux chocs sourds des cloches de fer
Qui sonnèrent trop de printemps.

Je crois savoir des noms de reines
Défuntes depuis tant d'années,
Ô mon âme ! et des fleurs fanées
Semblent tomber des nuits sereines.

Les vaisseaux lourds de mon trésor
Ont tous sombré je ne sais où,
Et désormais je suis le fou
Qui cherche sur les flots son or.

Pourquoi vouloir la vieille gloire
Sous les noirs étendards des villes
Où tant de barbares serviles
Hurlaient aux astres ma victoire ?

Avec la lune sur mes yeux
Calmes, et l'épée à la main,
J'attends luire le lendemain
Qui tracera mon signe aux cieux.

Pourtant l'espoir de la conquête
Me gonfle le coeur de ses rages :
Ai-je entendu, vainqueur des âges,
Des trompettes dans la tempête ?

Ou sont-ce les cloches de fer
Qui sonnèrent trop de printemps ?
Je suis ce roi des anciens temps
Dont la cité dort sous la mer.

Collection: 
1889

More from Poet

Je suis ce roi des anciens temps
Dont la cité dort sous la mer
Aux chocs sourds des cloches de fer
Qui sonnèrent trop de printemps.

Je crois savoir des noms de reines
Défuntes depuis tant d'années,
Ô mon âme ! et des fleurs fanées
Semblent tomber des...

Ô paix de ce pays d'ici
Où jadis nous nous aimâmes
Par nos corps et par nos âmes,
Ô paix de ce pays d'ici !

Le crépuscule dans les arbres
Dont tous les oiseaux sont fous
De s'être aimés comme nous,
Le crépuscule dans les arbres !

Et ce fleuve...

A EPHRAÏM MIKHAËL.

Par les vastes forêts, à l'heure vespérale,
Les ruisseaux endormeurs modulent leurs sanglots :
Mon âme s'alanguit d'une horreur sépulcrale
A l'heure vespérale où murmurent les flots.

Les ruisseaux endormeurs modulent leurs sanglots
Sous...

A PAUL VERLAINE.

I

Par le jardin royal, en l'arôme des roses,
La princesse aux yeux pers, soeur nubile des fleurs,
Erre en pleurs au vouloir de ses rêves moroses :

Les mille et mille voix du triomphal matin
Lui murmurent l'amour, et le soleil sommeille...

Le lierre noir et la rose églantine
Défendent les portes du jardin
Où le soir d'un printemps qui s'obstine
Est tout d'azur et d'incarnadin.

Dehors s'éplorent les folles fontaines
Qui virent mi-mort d'amour l'Enfant
Venu par les routes incertaines
Vers...