Spleen

Yo tengo más recuerdos que si tuviera mil años.

Un gran mueble de cajones atiborrado de facturas,
De versos, de dulces esquelas, de procesos, de romances,
Con abundantes cabellos enredados en recibos,
Oculta menos secretos que mi triste cerebro.
Es una pirámide, una inmensa cueva,
Que contiene más muertos que la fosa común.
—Yo soy un cementerio aborrecido de la luna,
Donde, como remordimientos, se arrastran largos gusanos
Que se encarnizan siempre sobre mis muertos más queridos.
Yo soy un viejo gabinete lleno de rosas marchitas,
Donde yace toda una maraña de modas anticuadas,
Donde los pasteles plañideros y los pálidos Boucher,
Solos, exhalan el olor de un frasco destapado.

Nada iguala en longitud a las cojas jornadas,
Cuando bajo los pesados flecos de las nevadas épocas
El hastío, fruto de la melancólica incuria,
Adquiere las proporciones de la inmortalidad.
—Desde ya tú no eres más, ¡oh, materia viviente!
Que una peña rodeada de un vago espanto,
Adormecida en el fondo de un Sahara brumoso;
Una vieja esfinge ignorada del mundo indiferente,
Olvidada sobre el mapa, y cuyo humor huraño
No canta más que a los rayos del sol poniente.

Collection: 
1841

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