• Ses yeux où se blottit comme un rêve frileux,
    Ses grands yeux ont séduit mon âme émerveillée,
    D'un bleu d'ancien pastel, d'un bleu de fleur mouillée,
    Ils semblent regarder de loin, ses grands yeux bleus.

    Ils sont grands comme un ciel tourmenté que parsème
    - Par les couchants d'automne et les tragiques soirs -
    Tout un vol douloureux de longs nuages noirs ;...

  • On aura beau s'abstraire en de calmes maisons,
    Couvrir les murs de bon silence aux pâles ganses,
    La vie impérieuse, habile aux manigances,
    A des tapotements de doigts sur les cloisons.

    Dans des chambres sans bruit on aura beau s'enclore,
    On aura beau vouloir, comme je le voulais,
    Que le miroir pensif soit de nacre incolore,
    Un peu de clarté filtre à...

  • L'hostie est comme un clair de lune dans l'église.
    Or les songeurs errants et les extasiés
    Qui vont par les jardins où dans une ombre grise
    Des papillons fripés meurent sur les rosiers,

    Ceux que la nuit pieuse a pour catéchumènes
    Regardant l'astre à la chevelure d'argent
    Peu à peu croient y voir un sourire indulgent,
    Un visage d'aïeule et des lèvres...

  • Depuis le siècle de Pépin
    Jusques à celui de la Fronde
    On n'a rien vu de si poupin
    Que cette belle vagabonde

    Elle est aussi droite qu'un pieu
    Plus pénétrante qu'une sonde
    Plus savante qu'un Calepin
    Et va la nuit comme une ronde.

    Elle est douce comme un mouton
    Dort l'hiver en drap de coton
    Fixe au Marais son habitacle
    ...

  • Olympe leves toy, desja l'aube est levée,
    Voy comme dans les airs elle seme le jour,
    Desja dans le ruisseau Diane s'est lavée,
    Et desja le Soleil a commencé son tour.

    Tout nostre bois souspire apres ton arrivée,
    Ses oyseaux comme moy racontent leur amour,
    Quelle estréme rigueur tient ton ame privée
    Des plaisirs que le Ciel espand en ce sejour ?...

  • Effroyables deserts, pleins d'ombre, et de silence,
    Où la peur, et l'hyver, sont éternellement ;
    Rochers affreux, et nus, où l'on voit seulement
    Le tonnerre, et les vents montrer leur insolence.

    En quelque part des Cieux que le Soleil s'élance,
    Vous estes tousjours pleins d'un froid aveuglement,
    Et vos petits ruisseaux malgré leur element
    Font...

  • (extrait, V)

    Ruisseau qui baignes cette plaine,
    Je te ressemble en bien des traits.
    Toujours même penchant t'entraîne :
    Le mien ne changera jamais.

    Tu fais éclore des fleurettes :
    J'en produis aussi quelquefois.
    Tu gazouilles sous ces coudrettes :
    De l'amour j'y chante les lois.

    Ton murmure flatteur et tendre
    Ne cause...

  • Au lever de l'aurore,
    Sur le lit de l'amour,
    Zéphir caressait Flore
    Plus belle qu'un beau jour.
    Une jeune bergère
    Auprès d'un noir cyprès,
    A l'écho solitaire
    Vint conter ses regrets.

    Doux oiseaux de ces rives,
    Pleurez, Tyrcis est mort ;
    Tourterelles plaintives,
    Gémissez de mon sort.
    Quittez, roses nouvelles,
    Vos...

  • Dans un nouveau parentage,
    Te souviendras-tu de moi ?
    Ah ! je te laisse pour gage
    Mon serment, mon coeur, ma foi.

    Me reviendras-tu fidelle ?
    Seras-tu toujours mon Berger ?
    Quelque destin qui m'appelle,
    Mon coeur ne saurait changer.

    Ah ! sois-moi toujours fidelle !
    Je serai toujours ton berger.

  • Verger cher à mon coeur, séjour de l'innocence,
    Honneur des plus beaux jours que le ciel me dispense.
    Solitude charmante, Asile de la paix ;
    Puissé-je, heureux verger, ne vous quitter jamais.

    Ô jours délicieux coulés sous vos ombrages !
    De Philomèle en pleurs les languissants ramages,
    D'un ruisseau fugitif le murmure flatteur,
    Excitent dans mon...