• Où est Gautier, âme sans prix ?
    Flaubert, bon géant chez les gnomes ?
    Las ! dissipés dans le pourpris
    Du temple d'azur aux sept dômes !...
    Sur Banville, j'ai dit les psaumes,
    Puis le créole aux vers sertis
    Dans les rythmes grecs et les nomes.
    Tous ceux que j'aimais sont partis.

    Initiés du Verbe, épris
    Du mystère des idiomes,
    ...

  • Ode

    Grâce à la muse qui m'inspire,
    Il est fini ce monument
    Que jamais ne pourront détruire
    Le fer ni le flot écumant.
    Le ciel même, armé de la foudre
    Ne saurait le réduire en poudre :
    Les siècles l'essaieraient en vain.
    Il brave ces tyrans avides,
    Plus hardi que les pyramides,
    Et plus durable que l'airain.

    Qu'atteste leur masse...

  • Aigle qui ravis les Pindares
    Jusqu'au trône enflammé des dieux,
    Enthousiasme, tu m'égares
    A travers l'abîme des cieux.
    Ce vil globe à mes yeux s'abaisse ;
    Mes yeux s'épurent, et je laisse
    Cette fange, empire des rois :
    Déjà, sous mon regard immense,
    Les astres roulent en silence,
    L'Olympe tressaille à ma voix.

    Ô muse, dans l'ombre...

  • Les gants à la Phyllis protègent ses mains blanches ;
    Elle marche, les bras écartés par des manches
    Gonflant avec ampleur leur ballon tailladé.
    D'un pas grave et contrit, elle entre dans l'église ;
    Hélas ! l'esprit malin hier soir l'a surprise,
    Elle a dansé le branle et le motivandé. [...]

  • Rampant d'argent sur champ de sinople, dragon
    Fluide, au soleil de la Vistule se boursoufle.
    Or le roi de Pologne, ancien roi d'Aragon,
    Se hâte vers son bain, très nu, puissant maroufle.

    Les pairs étaient douzaine : il est sans parangon.
    Son lard tremble à sa marche et la terre à son souffle ;
    Pour chacun de ses pas son orteil patagon
    Lui taille...

  • Le vélin écrit rit et grimace, livide.
    Les signes sont dansants et fous. Les uns, flambeaux,
    Pétillent radieux dans une page vide.
    D'autres en rangs pressés, acrobates corbeaux,

    Dans la neige épandue ouvrent leur bec avide.
    Le livre est un grand arbre émergé des tombeaux.
    Et ses feuilles, ainsi que d'un sac qui se vide,
    Volent au vent vorace et...

  • (...)
    Pris
    Dans l'eau calme de granit gris,
    nous voguons sur la lagune dolente.
    Notre gondole et ses feux d'or
    dort
    lente.
    (...)

    Clair,
    un vol d'esprits flotte dans l'air :
    corps aériens transparents, blancs linges,
    inquiétants regards dardés
    des
    sphinges.

    Et
    le criblant d'un jeu de palet,
    fins...

  • Le roi mort, les vingt et un coups de la bombarde
    Tonnent, signal de deuil, place de la Concorde.

    Silence, joyeux luth, et viole et guimbarde :
    Tendons sur le cercueil la plus macabre corde

    Pour accompagner l'hymne éructé par le barde :
    Le ciel veut l'oraison funèbre pour exorde.

    L'encens vainc le fumet des ortolans que barde
    La maritorne...

  • Ma fille - ma, car vous êtes à tous,
    Donc aucun d'eux ne fut valable maître,
    Dormez enfin, et fermons la fenêtre :
    La vie est close, et nous sommes chez nous.

    C'est un peu haut, le monde s'y termine
    Et l'absolu ne se peut plus nier ;
    Il est si grand de venir le dernier
    Puisque ce jour a lassé Messaline,

    Vous voici seule et d'oreilles et d'...

  • Tous les regrets qu'oncques furent au monde
    Émoi, souci, ôtez-nous et tristesse,
    Voici le jour où toute joie abonde,
    Voici soulas*, voici toute liesse.

    Ô pastoureaux, chantez en voix profonde,
    Harpes et luths, le haut roi de noblesse
    Vous saluez, par qui est sorti l'onde
    Qui a lavé de péché la rudesse.

    Ô Baltazar, ô ta langue féconde...