• Substance de Cybèle, ô branches, ô feuillages,
    Aériens berceaux des rossignols sauvages,
    L'ombre est déjà menue à vos faîtes rompus,
    Languissants vous pendez et votre vert n'est plus.
    Et moi je te ressemble, automnale nature,
    Mélancolique bois où viendra la froidure.

    Je me souviens des jours que mon jeune printemps
    Ses brillantes couleurs remirait aux...

  • Parmi des chênes, accoudée
    Sur la colline au vert gazon,
    Se dresse la blanche maison,
    De chèvrefeuille enguirlandée.

    A la fenêtre, où dans des pots,
    Fleurit la pâle marguerite,
    Soupire une autre Marguerite :
    Mon coeur a perdu son repos...

    Le lin moule sa gorge plate
    Riche de candides aveux,
    Et la splendeur de ses cheveux
    Ainsi...

  • L'eau qui jaillit de ce double rocher
    Remplit ce long bassin d'une onde trépillante ;
    Les frênes, les ormeaux, où viennent se percher
    Linottes et serins,
    Lui font une voûte ondoyante
    Qui garde mieux qu'un toit
    De tuiles, lorsque ainsi Sirius pique droit.

    Viens goûter la fraîcheur de cette onde secrète,
    Ô chère Enone, jette
    Et tissus et...

  • La feuille des forêts
    Qui tourne dans la bise
    Là-bas, par les guérets,
    La feuille des forêts
    Qui tourne dans la bise,
    Va-t-elle revenir
    Verdir - la même tige ?

    L'eau claire des ruisseaux
    Qui passe claire et vive
    A l'ombre des berceaux,
    L'eau claire des ruisseaux
    Qui passe claire et vive,
    Va-t-elle retourner
    Baigner - la...

  • L'éclair illuminait la nuit de ses beaux feux,
    A la vitre déjà retentissait l'orage,
    Plein d'angoisse le temps rampait entre nous deux,
    Et j'étais là pareil à quelque sombre image.

    Tu te berçais au son de ta plaintive voix,
    Mais j'osais supputer et ta faute et la mienne,
    Et dans mon coeur, c'était comme une affreuse poix
    Toute cette clarté de notre vie...

  • Les branches en arceaux quand le printemps va naître,
    Les ronces sur le mur, le pâturage herbeux,
    Les sentiers de mulets, et cet homme champêtre
    Qui, pour fendre le sol, guide un couple de boeufs,

    La nuit sur la jetée où le phare s'allume,
    Et l'horizon des flots lorsque le jour paraît ; -
    Qu'importe ! Je respire, ô ville, dans ta brume,
    La montagne et...

  • Belle lune d'argent, j'aime à te voir briller
    Sur les mâts inégaux d'un port plein de paresse,
    Et je rêve bien mieux quand ton rayon caresse,
    Dans un vieux parc, le marbre où je viens m'appuyer.

    J'aime ton jeune éclat et tes beautés fanées,
    Tu me plais sur un lac, sur un sable argentin,
    Et dans la vaste nuit de la plaine sans fin,
    Et dans mon cher Paris...

  • J'ai choisi cette rose au fond d'un vieux panier
    Que portait par la rue une marchande rousse ;
    Ses pétales sont beaux du premier au dernier,
    Sa pourpre vigoureuse en même temps est douce

    Vraiment d'une autre rose elle diffère moins
    Que la lanterne fait d'une vessie enflée :
    A ne s'y pas tromper qu'un sot mette ses soins,
    Mais la perfection est chose...

  • Lorsque sous la rafale et dans la brume dense,
    Autour d'un frêle esquif sans voile et sans rameurs,
    On a senti monter les flots pleins de rumeurs
    Et subi des ressacs l'étourdissante danse,

    Il fait bon sur le sable et le varech amer
    S'endormir doucement au pied des roches creuses,
    Bercé par les chansons plaintives des macreuses,
    A l'heure où le soleil se...

  • Hors des cercles que de ton regard tu surplombes,
    Démon concept, tu t'ériges et tu suspends
    Les males heures à ta robe, dont les pans
    Errent au prime ciel comme un vol de colombes.
    Toi, pour qui sur l'autel fument en hécatombes
    Les lourds désirs plus cornus que des égipans,
    Electuaire sûr aux bouches des serpents,
    Et rite apotropée à la fureur des trombes ;...