• Le premier qui vit un Chameau
    S'enfuit à cet objet nouveau ;
    Le second approcha ; le troisième osa faire
    Un licou pour le Dromadaire.
    L'accoutumance ainsi nous rend tout familier.
    Ce qui nous paraissait terrible et singulier
    S'apprivoise avec notre vue,
    Quand ce vient à la continue.
    Et puisque nous voici tombés sur ce sujet,
    On avait mis des gens au...

  • La Mort ne surprend point le sage ;
    Il est toujours prêt à partir,
    S'étant su lui-même avertir
    Du temps où l'on se doit résoudre à ce passage.
    Ce temps, hélas ! embrasse tous les temps :
    Qu'on le partage en jours, en heures, en moments,
    Il n'en est point qu'il ne comprenne
    Dans le fatal tribut ; tous sont de son domaine ;
    Et le premier instant où les...

  • Il est au Mogol des follets
    Qui font office de valets,
    Tiennent la maison propre, ont soin de l'équipage,
    Et quelquefois du jardinage.
    Si vous touchez à leur ouvrage,
    Vous gâtez tout. Un d'eux près du Gange autrefois
    Cultivait le jardin d'un assez bon Bourgeois.
    Il travaillait sans bruit, avait beaucoup d'adresse,
    Aimait le maître et la maîtresse,
    ...

  • Un Malheureux appelait tous les jours
    La mort à son secours.
    O mort, lui disait-il, que tu me sembles belle !
    Viens vite, viens finir ma fortune cruelle.
    La Mort crut, en venant, l'obliger en effet.
    Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre.
    Que vois-je! cria-t-il, ôtez-moi cet objet ;
    Qu'il est hideux ! que sa rencontre
    Me cause d'horreur et d'...

  • Une Chèvre, un Mouton, avec un Cochon gras,
    Montés sur même char s'en allaient à la foire :
    Leur divertissement ne les y portait pas ;
    On s'en allait les vendre, à ce que dit l'histoire :
    Le Charton n'avait pas dessein
    De les mener voir Tabarin,
    Dom Pourceau criait en chemin
    Comme s'il avait eu cent Bouchers à ses trousses.
    C'était une clameur à rendre...

  • Un homme qui s'aimait sans avoir de rivaux
    Passait dans son esprit pour le plus beau du monde.
    Il accusait toujours les miroirs d'être faux,
    Vivant plus que content dans son erreur profonde.
    Afin de le guérir, le sort officieux
    Présentait partout à ses yeux
    Les Conseillers muets dont se servent nos Dames :
    Miroirs dans les logis, miroirs chez les Marchands,...

  • Socrate un jour faisant bâtir,
    Chacun censurait son ouvrage :
    L'un trouvait les dedans, pour ne lui point mentir,
    Indignes d'un tel personnage ;
    L'autre blâmait la face, et tous étaient d'avis
    Que les appartements en étaient trop petits.
    Quelle maison pour lui ! L'on y tournait à peine.
    Plût au ciel que de vrais amis,
    Telle qu'elle est, dit-il, elle pût...

  • Un Astrologue un jour se laissa choir
    Au fond d'un puits. On lui dit : "Pauvre bête,
    Tandis qu'à peine à tes pieds tu peux voir,
    Penses-tu lire au-dessus de ta tête ? "
    Cette aventure en soi, sans aller plus avant,
    Peut servir de leçon à la plupart des hommes.
    Parmi ce que de gens sur la terre nous sommes,
    Il en est peu qui fort souvent
    Ne se plaisent d'...

  • " A de simples couleurs mon art plein de magie
    Sait donner du relief, de l'âme, et de la vie :
    Ce n'est rien qu'une toile, on pense voir des corps.
    J'évoque, quand je veux, les absents et les morts ;
    Quand je veux, avec l'art je confonds la nature :
    De deux peintres fameux qui ne sait l'imposture ?
    Pour preuve du savoir dont se vantaient leurs mains,
    L'un...

  • Dans ce récit je prétends faire voir
    D'un certain sot la remontrance vaine.
    Un jeune enfant dans l'eau se laissa choir,
    En badinant sur les bords de la Seine.
    Le Ciel permit qu'un saule se trouva,
    Dont le branchage, après Dieu, le sauva.
    S'étant pris, dis-je, aux branches de ce saule,
    Par cet endroit passe un Maître d'école.
    L'Enfant lui crie : "Au...