• Deux ou trois fois bienheureux le retour
    De ce clair Astre, et plus heureux encore
    Ce que son oeil de regarder honore.
    Que celle-là recevrait un bon jour,

    Qu'elle pourrait se vanter d'un bon tour,
    Qui baiserait le plus beau don de Flore,
    Le mieux sentant que jamais vit Aurore,
    Et y ferait sur ses lèvres séjour !

    C'est à moi seule à qui ce...

  • Prédit me fut que devait fermement
    Un jour aimer celui dont la figure
    Me fut décrite ; et sans autre peinture
    Le reconnus quand vis premièrement.

    Puis le voyant aimer fatalement,
    Pitié je pris de sa triste aventure,
    Et tellement je forçai ma nature,
    Qu'autant que lui aimai ardentement.

    Qui n'eût pensé qu'en faveur devait croître
    Ce que...

  • Pour le retour du Soleil honorer,
    Le Zéphir l'air serein lui appareille,
    Et du sommeil l'eau et la terre éveille,
    Qui les gardait, l'une de murmurer

    En doux coulant, l'autre de se parer
    De mainte fleur de couleur nonpareille.
    Jà les oiseaux ès arbres font merveille,
    Et aux passants font l'ennui modérer ;

    Les nymphes jà en mille jeux s'...

  • Ne reprenez, Dames, si j'ai aimé,
    Si j'ai senti mille torches ardentes,
    Mille travaux, mille douleurs mordantes,
    Si en pleurant j'ai mon temps consumé,

    Las ! que mon nom n'en soit par vous blâmé.
    Si j'ai failli, les peines sont présentes.
    N'aigrissez point leurs pointes violentes ;
    Mais estimez qu'Amour, à point nommé,

    Sans votre ardeur d'un...

  • Ô longs désirs, ô espérances vaines,
    Tristes soupirs et larmes coutumières
    A engendrer de moi maintes rivières,
    Dont mes deux yeux sont sources et fontaines !

    Ô cruautés, ô durtés inhumaines,
    Piteux regards des célestes lumières,
    Du coeur transi ô passions premières,
    Estimez-vous croître encore mes peines ?

    Qu'encor Amour sur moi son arc...

  • Enfant de la nature,
    Il lui faut ses bouquets ;
    Ses tapis de verdure
    Et l'or de ses guérets.

    Mais il faut au poète
    Des rythmes inconnus,
    Les clartés du prophète
    Et les nuits de Jésus.

    Il lui faut des études
    Aux aspects infinis :
    D'austères solitudes
    Pour nourrir ses esprits.

    C'est là que le génie,
    Au...

  • Faire l'amour alors qu'il me défait,
    Et tout défait, l'amour même défaire,
    Le défaisant, le rendre plus parfait,
    Le parfaisant, l'éprouver plus contraire.

    Se délecter aux plaies qu'il me fait,
    Chanter l'honneur de mon fier adversaire ;
    Et de cent maux endurés en effet
    Ne rapporter qu'un bien imaginaire.

    Cacher son mal de crainte de le...

  • Vous m'aviez dit que vous m'aimiez bien fort,
    Bien fort, bien fort, et ainsi je l'ai cru,
    Mais tôt après vous fîtes votre effort
    D'en dire autant en un lieu que j'ai vu :
    Bien fort, bien fort, vous l'aimez, je l'ai su.
    Il vous faut trop de forces pour deux lieux
    Si fort aimer, mais prenez pour le mieux
    Deux bons ciseaux coupent notre amitié,
    Et...

  • pour Hélène de Tournon

    Si ceux à qui devez, comme vous dites,
    Vous connaissaient comme je vous connais,
    Quitte seriez des dettes que vous fîtes,
    Le temps passé, tant grandes que petites,
    En leur payant un dizain toutefois
    Tel que le vôtre qui vaut mieux mille fois
    Que l'argent dû par vous, en conscience ;
    Car estimer on peut l'argent au...

  • étant dans sa litière durant la maladie du roi


    Si la douleur de mon esprit
    Je pouvais montrer par parole
    Ou la déclarer par écrit,
    Oncques ne fut si triste rôle ;
    Car le mal qui plus fort m'affole
    Je le cache et couvre plus fort ;
    Pourquoi n'ai rien qui me console,
    Fors l'espoir de la douce mort.

    Je sais que je ne dois celer...