• Chanson

    Bonjour mon coeur, bonjour ma douce vie.
    Bonjour mon oeil, bonjour ma chère amie,
    Hé ! bonjour ma toute belle,
    Ma mignardise, bonjour,
    Mes délices, mon amour,
    Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle,
    Mon doux plaisir, ma douce colombelle,
    Mon passereau, ma gente tourterelle,
    Bonjour, ma douce rebelle.

    Hé ! faudra-t-il...

  • Quand au temple nous serons
    Agenouillés, nous ferons
    Les dévots selon la guise
    De ceux qui pour louer Dieu
    Humbles se courbent au lieu
    Le plus secret de l'église.

    Mais quand au lit nous serons
    Entrelacés, nous ferons
    Les lascifs selon les guises
    Des amants qui librement
    Pratiquent folâtrement
    Dans les draps cent mignardises.
    ...

  • Ni de son chef le trésor crépelu,
    Ni de son ris l'une et l'autre fossette,
    Ni l'embonpoint de sa gorge grassette,
    Ni son menton rondement fosselu,

    Ni son bel oeil que les miens ont voulu
    Choisir pour prince à mon âme sujette,
    Ni son beau sein dont l'Archerot me jette
    Le plus aigu de son trait émoulu,

    Ni son beau corps, le logis des Charites,...

  • Te regardant assise auprès de ta cousine,
    Belle comme une Aurore, et toi comme un Soleil,
    Je pensai voir deux fleurs d'un même teint pareil,
    Croissantes en beauté, l'une à l'autre voisine.

    La chaste, sainte, belle et unique Angevine,
    Vite comme un éclair sur moi jeta son oeil.
    Toi, comme paresseuse et pleine de sommeil,
    D'un seul petit regard tu ne m'...

  • Il faut laisser maisons et vergers et jardins,
    Vaisselles et vaisseaux que l'artisan burine,
    Et chanter son obseque en la façon du Cygne,
    Qui chante son trespas sur les bors Maeandrins.

    C'est fait j'ay devidé le cours de mes destins,
    J'ay vescu, j'ay rendu mon nom assez insigne,
    Ma plume vole au ciel pour estre quelque signe
    Loin des appas mondains qui...

  • Je vous donne des oeufs. L'oeuf en sa forme ronde
    Semble au Ciel, qui peut tout en ses bras enfermer,
    Le feu, l'air et la terre, et l'humeur de la mer,
    Et sans estre comprins comprend tout en ce monde.

    La taye semble à l'air, et la glère féconde
    Semble à la mer qui fait toutes choses germer :
    L'aubin ressemble au feu qui peut tout animer,
    La coque en...

  • Petit nombril, que mon penser adore,
    Et non mon oeil qui n'eut onques le bien
    De te voir nu, et qui mérites bien
    Que quelque ville on te bâtisse encore ;

    Signe amoureux, duquel Amour s'honore,
    Représentant l'Androgyne lien,
    Combien et toi, mon mignon, et combien
    Tes flancs jumeaux folâtrement j'honore !

    Ni ce beau chef, ni ces yeux, ni ce...

  • Vous me distes, Maitresse, estant à la fenestre,
    Regardant vers Mont-martre et les champs d'alentour :
    La solitaire vie, et le desert sejour
    Valent mieux que la Cour, je voudrois bien y estre.

    A l'heure mon esprit de mes sens seroit maistre,
    En jeusne et oraisons je passerais le jour :
    Je desfirois les traicts et les flames d'Amour
    Ce cruel de mon...

  • Quand je suis vingt ou trente mois
    Sans retourner en Vendômois,
    Plein de pensées vagabondes,
    Plein d'un remords et d'un souci,
    Aux rochers je me plains ainsi,
    Aux bois, aux antres et aux ondes.

    Rochers, bien que soyez âgés
    De trois mil ans, vous ne changez
    Jamais ni d'état ni de forme ;
    Mais toujours ma jeunesse fuit,
    Et la vieillesse...