• Vous laissez tomber vos mains rouges,
    Vigne vierge, vous les laissez tomber
    Comme si tout le sang du monde était sur elles.

    A leur frisson, toute la balustrade bouge,
    Tout le mur saigne,
    Ô vigne vierge... Tout le ciel est imbibé
    D'une même lumière rouge.

    C'est comme un tremblement d'ailes rouges qui tombent,
    D'ailes d'oiseaux des îles, d...

  • Vous vous tendez vers moi, vertes petites mains des arbres,
    Vertes petites mains des arbres du chemin.
    Pendant que les vieux murs un peu plus se délabrent,
    Que les vieilles maisons montrent leurs plaies,
    Vous vous tendez vers moi, bourgeons des haies,
    Verts petits doigts.

    Petits doigts en coquilles,
    Petits doigts jeunes, lumineux, pressés de vivre...

  • Ce que je veux ? Une carafe d'eau glacée.
    Rien de plus. Nuit et jour, cette eau, dans ma pensée,
    Ruisselle doucement comme d'une fontaine.
    Elle est blanche, elle est bleue à force d'être fraîche.
    Elle vient de la source ou d'une cruche pleine.
    Elle a cet argent flou qui duvête les pêches
    Et l'étincellement d'un cristal à facettes.

    Elle est de...

  • Et puis, c'est oublié.
    Ai-je pensé, vraiment, ces choses-là ?
    Bon soleil, te voilà
    Sur les bourgeons poisseux qui vont se déplier.

    Le miracle est partout.
    Le miracle est en moi qui ne me souviens plus.
    Il fait clair, il fait gai sur les bourgeons velus ;
    Il fait beau - voilà tout.

    Je m'étire, j'étends mes bras au bon soleil
    Pour qu...

  • Pour qui vous a-t-on faits, grands chemins de l'Ouest ?
    chemins de liberté que l'on suppose tels
    et qui mentez sans doute...

    Espaces où surgit le Popocatepelt,
    où le noir séquoïa cerne d'étranges routes,
    où la faune et la flore ont de si vastes ciels
    que l'homme ne sait plus à quel étage vivre.
    Chemins de liberté que nous supposons libres.
    ...

  • A la sainte, martyre et vierge,
    Et de son sexe l'ornement,
    Vous allez porter un cierge
    Et la prier dévotement

    De garder le bleu turquoise
    A vos yeux plus bleus que l'azur,
    Et la couleur d'une framboise
    A votre bouche au dessin pur ;

    De conserver pour les noisettes
    Vos dents de perle et de granit,
    Et d'élargir les deux...

  • Ni la fleur qui naquit du beau nom de Junon,
    L'honneur à ce jour d'hui de l'écusson de France
    Ni le fleuron pourpré qui tira sa naissance
    De celui que Cyprine élut pour mignon,

    Ni celle qui d'Ajax fait vivre le renom,
    Ni l'autre qui s'éclôt quand le printemps commence,
    Née du beau jeune homme épris de sa présence
    Dont encore aujourd'hui elle...

  • Heureuse solitude,
    Seule béatitude,
    Que votre charme est doux !
    De tous les biens du monde,
    Dans ma grotte profonde,
    Je ne veux plus que vous !

    Qu'un vaste empire tombe,
    Qu'est-ce au loin pour ma tombe
    Qu'un vain bruit qui se perd ;
    Et les rois qui s'assemblent,
    Et leurs sceptres qui tremblent,
    Que les joncs du désert ?...

  • Je sais que ma joie est prochaine,
    Que bientôt je vous dois revoir,
    Mais que l'impatience est une étrange peine !
    Je languis dans ce doux espoir.
    Pour vous, dans votre solitude,
    Êtes-vous sans inquiétude ?
    Le calme et les plaisirs vous suivent-ils toujours ?
    Ne regrettez-vous point vos aimables demeures ?
    Et ne comptez-vous point les jours,
    Dont...

  • Je ne sais pas, Iris, à quoi mon coeur s'attend,
    Je ne sais pas ce qu'il doit craindre ;
    Mais je suis triste et mécontent,
    Sans avoir sujet de me plaindre :
    Avec mille bontés vous me souffrez chez vous ;
    D'un visage obligeant et doux
    Vous recevez mes voeux, mes soins et mes hommages :
    De quoi suis-je donc affligé ?
    Ai-je vu dans vos yeux de sinistres...