• Languir me fais sans t'avoir offensée :
    Plus ne m'écris, plus de moi ne t'enquiers.
    Mais nonobstant autre Dame ne quiers :
    Plutôt mourir que changer ma pensée.

    Je ne dis pas t'amour être effacée,
    Mais je me plains de l'ennui que j'acquiers,
    Et loin de toi humblement te requiers
    Que loin de moi, de moi ne sois fâchée.

  • Je ne fais rien que requérir
    Sans acquérir
    Le don d'amoureuse liesse.
    Las, ma Maîtresse,
    Dites, quand est-ce
    Qu'il vous plaira me secourir.
    Je ne fais rien que requérir.

    Votre beauté qu'on voit flourir
    Me fait mourir :
    Ainsi j'aime ce qui me blesse.
    C'est grand simplesse :
    Mais grand sagesse,
    Pourvu que m'en veuillez guérir....

  • Jusque à la mort Dame t'eusse clamée,
    Mais un nouveau t'a si bien réclamée
    Que tu ne veux qu'à son leurre venir :
    Si ne peux-tu contre moi soutenir,
    Pourquoi l'amour dût être consommée.

    Car en tous lieux toujours t'ai estimée,
    Et si on dit que je t'ai déprimée,
    Je dis que non, et le veux maintenir
    Jusque à la mort.

    Dieu doint que pis tu...

  • devant le logis du seigneur Trivulse


    Au Ciel n'y a ne Planette ne Signe
    Qui si a point sceust gouverner l'Année
    Comme est Lyon, la Cité, gouvernée
    Par toy, Trivulse, homme cler et insigne.

    Cela disons pour ta Vertu condigne
    Et pour la joye entre nous demenee,
    Dont tu nous a la Liberté donnée,
    La Liberté des tresors le plus digne....

  • Du premier coup, entendez ma réponse,
    Fols détracteurs. Mon Maître vous annonce
    Par moi, qui suis l'un de ses clercs nouveaux,
    Que pour rimer ne vous craint deux naveaux,
    Et eussiez-vous de sens encor une once.

    Si l'épargnez, tous deux je vous renonce :
    Piquez-le donc mieux que d'épine ou ronce,
    Lui envoyant des meilleurs et plus beaux
    Du premier...

  • Tout au rebours (dont convient que languisse)
    Vient mon vouloir : car de bon coeur vous visse,
    Et je ne puis par-devers vous aller.
    Chante qui veut, balle qui veut baller,
    Ce seul plaisir seulement je voulsisse.

    Et s'on me dit, qu'il faut que je choisisse
    De par-deçà dame qui m'éjouisse,
    Je ne saurais me tenir de parler
    Tout au rebours.

    ...

  • Me souvenant de tes bontez divines
    Suis en douleur, princesse, à ton absence ;
    Et si languy quant suis en ta presence,
    Voyant ce lys au milieu des espines.

    Ô la doulceur des doulceurs femenines,
    Ô cueur sans fiel, ô race d'excellence,
    Ô traictement remply de violance,
    Qui s'endurçist pres des choses benignes.

    Si seras tu de la main...

  • J'attends secours de ma seule pensée :
    J'attends le jour, que l'on m'écondira,
    Ou que du tout la belle me dira :
    "Ami, t'amour sera récompensée."

    Mon alliance est fort bien commencée,
    Mais je ne sais comment il en ira :
    Car, s'elle veut, ma vie périra,
    Quoiqu'en amour s'attend d'être avancé

    Si j'ai refus, vienne Mort insensée :
    A son...

  • En languissant et en griève tristesse
    Vit mon las coeur, jadis plein de liesse,
    Puisque l'on m'a donné mari vieillard.
    Hélas, pourquoi ? Rien ne sait du vieil art
    Qu'apprend Vénus, l'amoureuse déesse.

    Par un désir de montrer ma prouesse
    Souvent l'assaus : mais il demande : " où est-ce ? ",
    ou dort (peut-être), et mon coeur veille à part
    En...

  • Au bord tristement doux des eaux, je me retire,
    Et vois couler ensemble, et les eaux, et mes jours,
    Je m'y vois sec, et pâle, et si j'aime toujours
    Leur rêveuse mollesse où ma peine se mire.

    Au plus secret des bois je conte mon martyre,
    Je pleure mon martyre en chantant mes amours,
    Et si j'aime les bois et les bois les plus sourds,
    Quand j'ai jeté...