• Je suis aimé de la plus belle
    Qui soit vivant dessous les cieux :
    Encontre tous faux envieux
    Je la soutiendrai être telle.

    Si Cupido doux et rebelle
    Avait débandé ses deux yeux,
    Pour voir son maintien gracieux,
    Je crois qu'amoureux serait d'elle.

    Vénus, la Déesse immortelle,
    Tu as fait mon coeur bien heureux,
    De l'avoir fait être...

  • Toutes les nuits je ne pense qu'en celle
    Qui a le corps plus gent qu'une pucelle
    De quatorze ans, sur le point d'enrager,
    Et au dedans un coeur (pour abréger)
    Autant joyeux qu'eut oncque damoiselle.

    Elle a beau teint, un parler de bon zèle,
    Et le tétin rond comme une groselle :
    N'ai-je donc pas bien cause de songer
    Toutes les nuits ?

    ...

  • Bonjour : et puis, quelles nouvelles ?
    N'en saurait-on de vous avoir ?
    S'en bref ne m'en faites savoir,
    J'en ferai de toute nouvelles.

    Puisque vous êtes si rebelles,
    Bon vêpre, bonne nuit, bonsoir,
    Bonjour !

    Mais si vous cueillez des groselles,
    Envoyez-m'en ; car, pour tout voir,
    Je suis gros, mais c'est de vous voir
    Quelque matin,...

  • A mon désir, d'un fort singulier être
    Nouveaux écrits on m'a fait apparaître,
    Qui m'ont ravi, tant qu'il faut que par eux
    Aie liesse ou ennui langoureux :
    Pour l'un ou l'autre Amour si m'a fait naître.

    C'est par un coeur que du mien j'ai fait maître,
    Voyant en lui toutes vertus accroître :
    Et ne crains, fors qu'il soit trop rigoureux
    A mon désir....

  • Pour courir en poste à la ville
    Vingt fois, cent fois, ne sais combien ;
    Pour faire quelque chose vile,
    Frère Lubin le fera bien ;
    Mais d'avoir honnête entretien
    Ou mener vie salutaire,
    C'est à faire à un bon chrétien,
    Frère Lubin ne le peut faire.

    Pour mettre, comme un homme habile
    Le bien d'autrui avec le sien,
    Et vous laisser...

  • Quand j'ai pensé en vous, ma bien-aimée,
    Trouver n'en puis de si grande beauté :
    Et de vertu seriez plus estimée,
    Qu'autre qui soit, si n'était cruauté.
    Mais pour vous aimer loyaument
    J'ai récompense de tourment :
    Toutefois quand il vous plaira,
    Mon mal par merci finira.

    Dès que mon oeil aperçut votre face,
    Ma liberté du tout m'abandonna,...

  • Mes créanciers, qui de dizains n'ont cure,
    Ont lu le vôtre, et sur ce, leur ai dit :
    " Sire Michel, sire Bonaventure,
    " La soeur du roi a fait pour moi ce dit. "
    Lors eux, cuidant que fusse en grand crédit,
    M'ont appelé monsieur à cri et cor,
    Et m'a valu votre écrit autant qu'or,
    Car promis ont, non seulement d'attendre,
    Mais d'en prêter, foi de...

  • Monsieur l'abbé et monsieur son valet
    Sont faits égaux, tous deux comme de cire :
    L'un est grand fou, l'autre petit follet ;
    L'un veut railler, l'autre gaudir et rire ;
    L'un boit du bon ; l'autre ne boit du pire.
    Mais un débat le soir entr'eux s'émeut :
    Car maître abbé toute la nuit ne veut
    Etre sans vin, que sans secours ne meure,
    Et son valet...

  • Avant mes jours mort me faut encourir
    Par un regard, dont m'as voulu férir,
    Et ne te chaut de ma griève tristesse :
    Mais n'est-ce pas à toi grande rudesse,
    Vu que tu peux si bien me secourir ?

    Auprès de l'eau me faut de soif périr.
    Je me vois jeune, et en âge fleurir,
    Et si me montre être plein de vieillesse
    Avant mes jours.

    Or, si je...

  • Adieu la cour, adieu les dames,
    Adieu les filles et les femmes,
    Adieu vous dis pour quelques temps,
    Adieu vos plaisants passetemps ;
    Adieu le bal, adieu la danse,
    Adieu mesure, adieu cadence,
    Tambourin, haubois et violons,
    Puisqu'à la guerre nous allons.
    Adieu les regards gracieux,
    Messagers des coeurs soucieux ;
    Adieu les profondes...