• Qu'on mène aux champs ce coquardeau,
    Lequel gâte (quand il compose)
    Raison, mesure, texte et glose,
    Soit en ballade ou en rondeau.

    Il n'a cervelle ne cerveau.
    C'est pourquoi si haut crier j'ose :
    " Qu'on mène aux champs ce coquardeau. "

    S'il veut rien faire de nouveau,
    Qu'il oeuvre hardiment en prose
    (J'entends s'il en sait quelque chose...

  • Gris, tanné, noir, porte la fleur des fleurs
    Pour sa livrée, avec regrets et pleurs :
    Pleurs et regrets en son coeur elle enferme,
    Mais les couleurs dont ses vêtements ferme
    (Sans dire mot) exposent ses douleurs.

    Car le noir dit la fermeté des coeurs ;
    Gris, le travail ; et tanné, les langueurs ;
    Par ainsi c'est, Langueur en Travail ferme,
    Gris,...

  • Au feu, qui mon coeur a choisi,
    Jetez-y, ma seule Déesse,
    De l'eau de grâce et de liesse,
    Car il est consommé quasi.

    Amour l'a de si près saisi
    Que force est qu'il crie sans cesse
    Au feu.

    Si par vous en est dessaisi,
    Amour lui doint plus grand détresse,
    Si jamais sert autre maîtresse :
    Doncques, ma dame, courez-y
    Au feu.

  • Volontiers en ce mois ici
    La terre mue et renouvelle.
    Maints amoureux en font ainsi,
    Sujets à faire amour nouvelle
    Par légèreté de cervelle,
    Ou pour être ailleurs plus contents ;
    Ma façon d'aimer n'est pas telle,
    Mes amours durent en tout temps.

    N'y a si belle dame aussi
    De qui la beauté ne chancelle ;
    Par temps, maladie ou souci,
    ...

  • L'un s'est veu pris, non plusieurs fois, mais une,
    En plain conflit, faisant aspres effortz ;
    L'autre deux foizs n'a eu courage, fors
    Fuyr de nuyct, sans craindre honte aucune.

    L'un fut en camp, exemple de fortune ;
    L'autre ung patron de vrays actes tres ords.
    L'un par sa prise a perdu des tresors ;
    L'autre l'honneur, trop plus cher que pecune....

  • La belle Rose, à Vénus consacrée,
    L'oeil et le sens de grand plaisir pourvoit ;
    Si vous dirai, dame qui tant m'agrée,
    Raison pourquoi de rouges on en voit.

    Un jour Vénus son Adonis suivait
    Parmi jardin plein d'épines et branches,
    Les pieds sont nus et les deux bras sans manches,
    Dont d'un rosier l'épine lui méfait ;
    Or étaient lors toutes...

  • On le m'a dit, dague à rouelle,
    Que de moi en mal vous parlez :
    Le vin que si bien avalez
    Vous le met-il en la cervelle ?

    Vous êtes rapporte-nouvelle,
    D'autre chose ne vous mêlez,
    On le m'a dit.

    Mais si plus vous advient, méselle,
    Vos reins en seront bien gallés :
    Allez, de par le diable, allez,
    Vous n'êtes qu'une maquerelle.
    ...

  • Amour et Mort m'ont fait outrage.
    Amour me retient en servage,
    Et Mort (pour accroître ce deuil)
    A pris celui loin de mon oeil,
    Qui de près navre mon courage.

    Hélas, Amour, tel personnage
    Te servait en fleur de son âge,
    Mais tu es ingrat à mon vueil
    De souffrir Guerre et son orgueil
    Tuer ceux qui t'ont fait hommage.

    Si est-ce à mon...

  • Au bon vieux temps un train d'amour régnait
    Qui sans grand art et dons se démenait.
    Si qu'un bouquet donné d'amour profonde
    C'était donner toute la terre ronde ;
    Car seulement au coeur on se prenait.

    Et si, par cas, à jouir on venait
    Savez-vous bien comme on s'entretenait ?
    Vingt ans, trente ans, cela durait un monde
    Au bon vieux temps....

  • J'ai contenté
    Ma voulenté
    Suffisamment,
    Car j'ai été
    D'amour traité
    Différemment.
    J'ai eu tourment,
    Bon traitement,
    J'ai eu douceur et cruauté :
    Et ne me plains fors seulement
    D'avoir aimé si loyaument
    Celle qui est sans loyauté.

    Coeur affété
    Moins arrêté
    Qu'un seul moment,
    Ta lâcheté
    M'a déjeté
    ...