• Tu crois au marc de café,
    Aux présages, aux grands jeux :
    Moi je ne crois qu'en tes grands yeux.

    Tu crois aux contes de fées,
    Aux jours néfastes, aux songes.
    Moi je ne crois qu'en tes mensonges.

    Tu crois en un vague Dieu,
    En quelque saint spécial,
    En tel Ave contre tel mal.

    Je ne crois qu'aux heures bleues
    Et roses que tu m'...

  • Je n'avais pas connu l'Ennui,
    Pourtant jusqu'au jour d'aujourd'hui
    Je vivais et mourais de lui.

    Ce depuis l'atroce journée
    Où, pauvre âme au ciel ramenée,
    J'ai méconnu ma destinée.

    Ramenée au ciel, et comment ?
    Par le fait logique et charmant
    D'un grand miracle assurément,

    Par la conversion soudaine
    D'un coeur voué tout à...

  • C'est l'extase langoureuse,
    C'est la fatigue amoureuse,
    C'est tous les frissons des bois
    Parmi l'étreinte des brises,
    C'est, vers les ramures grises,
    Le choeur des petites voix.

    O le frêle et frais murmure !
    Cela gazouille et susurre,
    Cela ressemble au cri doux
    Que l'herbe agitée expire...
    Tu dirais, sous l'eau qui vire,
    Le roulis...

  • Le bruit de ton aiguille et celui de ma plume
    Sont le silence d'or dont on parla d'argent.
    Ah ! cessons de nous plaindre, insensés que nous fûmes,
    Et travaillons tranquillement au nez des gens !

    Quant à souffrir, quant à mourir, c'est nos affaires
    Ou plutôt celles des toc-tocs et des tic-tacs
    De la pendule en garni dont la voix sévère
    Voudrait...

  • Il est des jours - avez-vous remarqué ? -
    Où l'on se sent plus léger qu'un oiseau,
    Plus jeune qu'un enfant, et, vrai ! plus gai
    Que la même gaieté d'un damoiseau.

    L'on se souvient sans bien se rappeler...
    Évidemment l'on rêve, et non, pourtant.
    L'on semble nager et l'on croirait voler.
    L'on aime ardemment sans amour cependant

    Tant est léger...

  • L'amour de la Patrie est le premier amour
    Et le dernier amour après l'amour de Dieu.
    C'est un feu qui s'allume alors que luit le jour
    Où notre regard luit comme un céleste feu ;

    C'est le jour baptismal aux paupières divines
    De l'enfant, la rumeur de l'aurore aux oreilles
    Frais écloses, c'est l'air emplissant les poitrines
    En fleur, l'air...

  • Le vent de l'autre nuit a jeté bas l'Amour
    Qui, dans le coin le plus mystérieux du parc,
    Souriait en bandant malignement son arc,
    Et dont l'aspect nous fit tant songer tout un jour !

    Le vent de l'autre nuit l'a jeté bas ! Le marbre
    Au souffle du matin tournoie, épars. C'est triste
    De voir le piédestal, où le nom de l'artiste
    Se lit péniblement parmi l'...

  • Dans l'interminable
    Ennui de la plaine
    La neige incertaine
    Luit comme du sable.

    Le ciel est de cuivre
    Sans lueur aucune.
    On croirait voir vivre
    Et mourir la lune.

    Comme les nuées
    Flottent gris les chênes
    Des forêts prochaines
    Parmi les buées.

    Le ciel est de cuivre
    Sans lueur aucune.
    On croirait voir vivre...

  • Le Point-du-Jour avec Paris au large,
    Des chants, des tirs, les femmes qu'on " rêvait ",
    La Seine claire et la foule qui fait
    Sur ce poème un vague essai de charge.

    On danse aussi, car tout est dans la marge
    Que fait le fleuve à ce livre parfait,
    Et si parfois l'on tuait ou buvait,
    Le fleuve est sourd et le vin est litharge.

    Le Point-du-Jour...

  • L'art ne veut point de pleurs et ne transige pas,
    Voilà ma poétique en deux mots : elle est faite
    De beaucoup de mépris pour l'homme et de combats
    Contre l'amour criard et contre l'ennui bête.

    Je sais qu'il faut souffrir pour monter à ce faîte
    Et que la côte est rude à regarder d'en bas.
    Je le sais, et je sais aussi que maint poète
    A trop étroits...