• Ah ! les oaristys ! les premières maîtresses !
    L'or des cheveux, l'azur des yeux, la fleur des chairs,
    Et puis, parmi l'odeur des corps jeunes et chers,
    La spontanéité craintive des caresses !

    Sont-elles assez loin toutes ces allégresses
    Et toutes ces candeurs ! Hélas ! toutes devers
    Le printemps des regrets ont fui les noirs hivers
    De mes ennuis, de...

  • Ô triste, triste était mon âme
    A cause, à cause d'une femme.

    Je ne me suis pas consolé
    Bien que mon coeur s'en soit allé,

    Bien que mon coeur, bien que mon âme
    Eussent fui loin de cette femme.

    Je ne me suis pas consolé,
    Bien que mon coeur s'en soit allé.

    Et mon coeur, mon coeur trop sensible
    Dit à mon âme : Est-il possible,...

  • L'une avait quinze ans, l'autre en avait seize ;
    Toutes deux dormaient dans la même chambre.
    C'était par un soir très lourd de septembre
    Frêles, des yeux bleus, des rougeurs de fraise.

    Chacune a quitté, pour se mettre à l'aise,
    La fine chemise au frais parfum d'ambre.
    La plus jeune étend les bras, et se cambre,
    Et sa soeur, les mains sur ses seins...

  • Le soleil du matin doucement chauffe et dore
    Les seigles et les blés tout humides encore,
    Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit.
    L'on sort sans autre but que de sortir ; on suit,
    Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,
    Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.
    L'air est vif. Par moment un oiseau vole avec
    Quelque fruit de la haie ou quelque...

  • Votre âme est un paysage choisi
    Que vont charmant masques et bergamasques
    Jouant du luth et dansant et quasi
    Tristes sous leurs déguisements fantasques.

    Tout en chantant sur le mode mineur
    L'amour vainqueur et la vie opportune,
    Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
    Et leur chanson se mêle au clair de lune,

    Au calme clair de lune...

  • La vie humble aux travaux ennuyeux et faciles
    Est une oeuvre de choix qui veut beaucoup d'amour.
    Rester gai quand le jour, triste, succède au jour,
    Etre fort, et s'user en circonstances viles,

    N'entendre, n'écouter aux bruits des grandes villes
    Que l'appel, ô mon Dieu, des cloches dans la tour,
    Et faire un de ces bruits soi-même, cela pour
    L'...

  • De toutes les douleurs douces
    Je compose mes magies !
    Paul, les paupières rougies,
    Erre seul aux Pamplemousses.
    La Folle-par-amour chante
    Une ariette touchante.
    C'est la mère qui s'alarme
    De sa fille fiancée.
    C'est l'épouse délaissée
    Qui prend un sévère charme
    A s'exagérer l'attente
    Et demeure palpitante.
    C'est l'amitié qu'on néglige...

  • C'est à cause du clair de la lune
    Que j'assume ce masque nocturne
    Et de Saturne penchant son urne
    Et de ces lunes l'une après l'une.

    Des romances sans paroles ont,
    D'un accord discord ensemble et frais,
    Agacé ce coeur fadasse exprès,
    Ô le son, le frisson qu'elles ont !

    Il n'est pas que vous n'ayez fait grâce
    A quelqu'un qui vous...

  • De la musique avant toute chose,
    Et pour cela préfère l'Impair
    Plus vague et plus soluble dans l'air,
    Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

    Il faut aussi que tu n'ailles point
    Choisir tes mots sans quelque méprise :
    Rien de plus cher que la chanson grise
    Où l'Indécis au Précis se joint.

    C'est des beaux yeux derrière des voiles,
    C'est le...

  • Les roses étaient toutes rouges
    Et les lierres étaient tout noirs.

    Chère, pour peu que tu ne bouges,
    Renaissent tous mes désespoirs.

    Le ciel était trop bleu, trop tendre,
    La mer trop verte et l'air trop doux.

    Je crains toujours, - ce qu'est d'attendre !
    Quelque fuite atroce de vous.

    Du houx à la feuille vernie
    Et du luisant...