• La mer est plus belle
    Que les cathédrales,
    Nourrice fidèle,
    Berceuse de râles,
    La mer sur qui prie
    La Vierge Marie !

    Elle a tous les dons
    Terribles et doux.
    J'entends ses pardons
    Gronder ses courroux.
    Cette immensité
    N'a rien d'entêté.

    Oh ! si patiente,
    Même quand méchante !
    Un souffle ami hante
    La vague, et...

  • J'allais par des chemins perfides,
    Douloureusement incertain.
    Vos chères mains furent mes guides.

    Si pâle à l'horizon lointain
    Luisait un faible espoir d'aurore ;
    Votre regard fut le matin.

    Nul bruit, sinon son pas sonore,
    N'encourageait le voyageur.
    Votre voix me dit : " Marche encore ! "

    Mon coeur craintif, mon sombre coeur
    ...

  • (A Villiers de l'Isle-Adam)

    Dans un palais, soie et or, dans Ecbatane,
    De beaux démons, des satans adolescents,
    Au son d'une musique mahométane,
    Font litière aux Sept Péchés de leurs cinq sens.

    C'est la fête aux Sept Péchés : ô qu'elle est belle !
    Tous les désirs rayonnaient en feux brutaux ;
    Les Appétits, pages prompts que l'on harcèle,
    ...

  • Je suis l'Empire à la fin de la décadence,
    Qui regarde passer les grands Barbares blancs
    En composant des acrostiches indolents
    D'un style d'or où la langueur du soleil danse.

    L'âme seulette a mal au coeur d'un ennui dense.
    Là-bas on dit qu'il est de longs combats sanglants.
    O n'y pouvoir, étant si faible aux voeux si lents,
    O n'y vouloir fleurir un peu...

  • Un pavillon à claires-voies
    Abrite doucement nos joies
    Qu'éventent des rosiers amis;

    L'odeur des roses, faible, grâce
    Au vent léger d'été qui passe,
    Se mêle aux parfums qu'elle a mis ;

    Comme ses yeux l'avaient promis,
    Son courage est grand et sa lèvre
    Communique une exquise fièvre ;

    Et l'Amour comblant tout, hormis
    La Faim,...

  • (A Germain Nouveau)

    Dans une rue, au coeur d'une ville de rêve
    Ce sera comme quand on a déjà vécu :
    Un instant à la fois très vague et très aigu...
    Ô ce soleil parmi la brume qui se lève !

    Ô ce cri sur la mer, cette voix dans les bois !
    Ce sera comme quand on ignore des causes ;
    Un lent réveil après bien des métempsycoses :
    Les choses seront...

  • Les sanglots longs
    Des violons
    De l’automne
    Blessent mon cœur
    D’une langueur
    Monotone.

    Tout suffocant
    Et blême, quand
    Sonne l’heure,
    Je me souviens
    Des jours anciens
    Et je pleure;

    Et je m’en vais
    Au vent mauvais
    Qui m’emporte
    Deçà, delà,
    Pareil à la
    Feuille morte.