• C'est à cause du clair de la lune
    Que j'assume ce masque nocturne
    Et de Saturne penchant son urne
    Et de ces lunes l'une après l'une.

    Des romances sans paroles ont,
    D'un accord discord ensemble et frais,
    Agacé ce coeur fadasse exprès,
    Ô le son, le frisson qu'elles ont !

    Il n'est pas que vous n'ayez fait grâce
    A quelqu'un qui vous...

  • De la musique avant toute chose,
    Et pour cela préfère l'Impair
    Plus vague et plus soluble dans l'air,
    Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

    Il faut aussi que tu n'ailles point
    Choisir tes mots sans quelque méprise :
    Rien de plus cher que la chanson grise
    Où l'Indécis au Précis se joint.

    C'est des beaux yeux derrière des voiles,
    C'est le...

  • Les roses étaient toutes rouges
    Et les lierres étaient tout noirs.

    Chère, pour peu que tu ne bouges,
    Renaissent tous mes désespoirs.

    Le ciel était trop bleu, trop tendre,
    La mer trop verte et l'air trop doux.

    Je crains toujours, - ce qu'est d'attendre !
    Quelque fuite atroce de vous.

    Du houx à la feuille vernie
    Et du luisant...

  • Les donneurs de sérénades
    Et les belles écouteuses
    Echangent des propos fades
    Sous les ramures chanteuses.

    C'est Tircis et c'est Aminte,
    Et c'est l'éternel Clitandre,
    Et c'est Damis qui pour mainte
    Cruelle fait maint vers tendre.

    Leurs courtes vestes de soie,
    Leurs longues robes à queues,
    Leur élégance, leur joie
    Et leurs...

  • Despotique, pesant, incolore, l'Eté,
    Comme un roi fainéant présidant un supplice,
    S'étire par l'ardeur blanche du ciel complice
    Et bâille. L'homme dort loin du travail quitté.

    L'alouette au matin, lasse, n'a pas chanté,
    Pas un nuage, pas un souffle, rien qui plisse
    Ou ride cet azur implacablement lisse
    Où le silence bout dans l'immobilité.

    L'...

  • Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore,
    Puisque, après m'avoir fui longtemps, l'espoir veut bien
    Revoler devers moi qui l'appelle et l'implore,
    Puisque tout ce bonheur veut bien être le mien,

    C'en est fait à présent des funestes pensées,
    C'en est fait des mauvais rêves, ah ! c'en est fait
    Surtout de l'ironie et des lèvres pincées
    Et des mots où...

  • Il est grave : il est maire et père de famille.
    Son faux col engloutit son oreille. Ses yeux
    Dans un rêve sans fin flottent insoucieux,
    Et le printemps en fleur sur ses pantoufles brille.

    Que lui fait l'astre d'or, que lui fait la charmille
    Où l'oiseau chante à l'ombre, et que lui font les cieux,
    Et les prés verts et les gazons silencieux ?
    Monsieur...

  • Tournez, tournez, bons chevaux de bois,
    Tournez cent tours, tournez mille tours,
    Tournez souvent et tournez toujours,
    Tournez, tournez au son des hautbois.

    L'enfant tout rouge et la mère blanche,
    Le gars en noir et la fille en rose,
    L'une à la chose et l'autre à la pose,
    Chacun se paie un sou de dimanche.

    Tournez, tournez, chevaux de...

  • N'est-ce pas ? en dépit des sots et des méchants
    Qui ne manqueront pas d'envier notre joie,
    Nous serons fiers parfois et toujours indulgents.

    N'est-ce pas ? nous irons, gais et lents, dans la voie
    Modeste que nous montre en souriant l'Espoir,
    Peu soucieux qu'on nous ignore ou qu'on nous voie.

    Isolés dans l'amour ainsi qu'en un bois noir,
    Nos deux...

  • L'Océan sonore
    Palpite sous l'oeil
    De la lune en deuil
    Et palpite encore,

    Tandis qu'un éclair
    Brutal et sinistre
    Fend le ciel de bistre
    D'un long zigzag clair,

    Et que chaque lame,
    En bonds convulsifs,
    Le long des récifs
    Va, vient, luit et clame,

    Et qu'au firmament,
    Où l'ouragan erre,
    Rugit le tonnerre
    ...