• Nature, rien de toi ne m'émeut, ni les champs
    Nourriciers, ni l'écho vermeil des pastorales
    Siciliennes, ni les pompes aurorales,
    Ni la solennité dolente des couchants.

    Je ris de l'Art, je ris de l'Homme aussi, des chants,
    Des vers, des temples grecs et des tours en spirales
    Qu'étirent dans le ciel vide les cathédrales,
    Et je vois du même oeil les bons...

  • Pourquoi triste, ô mon âme
    Triste jusqu'à la mort,
    Quand l'effort te réclame,
    Quand le suprême effort
    Est là qui te réclame ?

    Ah, tes mains que tu tords
    Au lieu d'être à la tâche,
    Tes lèvres que tu mords
    Et leur silence lâche,
    Et tes yeux qui sont morts !

    N'as-tu pas l'espérance
    De la fidélité,
    Et, pour plus d'assurance...

  • La lune blanche
    Luit dans les bois ;
    De chaque branche
    Part une voix
    Sous la ramée ...

    Ô bien-aimée.

    L'étang reflète,
    Profond miroir,
    La silhouette
    Du saule noir
    Où le vent pleure ...

    Rêvons, c'est l'heure.

    Un vaste et tendre
    Apaisement
    Semble descendre
    Du firmament
    Que l'astre irise ......

  • Le couchant dardait ses rayons suprêmes
    Et le vent berçait les nénuphars blêmes ;
    Les grands nénuphars entre les roseaux
    Tristement luisaient sur les calmes eaux.
    Moi j'errais tout seul, promenant ma plaie
    Au long de l'étang, parmi la saulaie
    Où la brume vague évoquait un grand
    Fantôme laiteux se désespérant
    Et pleurant avec la voix des sarcelles
    ...

  • Leurs jambes pour toutes montures,
    Pour tous biens l'or de leurs regards,
    Par le chemin des aventures
    Ils vont haillonneux et hagards.

    Le sage, indigné, les harangue ;
    Le sot plaint ces fous hasardeux ;
    Les enfants leur tirent la langue
    Et les filles se moquent d'eux.

    C'est qu'odieux et ridicules,
    Et maléfiques en effet,
    Ils ont l'...

  • Donc, ce sera par un clair jour d'été ;
    Le grand soleil, complice de ma joie,
    Fera, parmi le satin et la soie,
    Plus belle encor votre chère beauté ;

    Le ciel tout bleu, comme une haute tente,
    Frissonnera somptueux à longs plis
    Sur nos deux fronts heureux qu'auront pâlis
    L'émotion du bonheur et l'attente ;

    Et quand le soir viendra, l'air sera...

  • À J.-K. Huysmans.

    Il fait nuit dans la chambre étroite et froide où l'homme
    Vient de rentrer, couvert de neige, en blouse, et comme
    Depuis trois jours il n'a pas prononcé deux mots,
    La femme a peur et fait des signes aux marmots.

    Un seul lit, un bahut disloqué, quatre chaises,
    Des rideaux jadis blancs conchiés des punaises,
    Une table qui va s...

  • Je ne suis pas jaloux de ton passé, chérie,
    Et même je t'en aime et t'en admire mieux.
    Il montre ton grand coeur et la gloire inflétrie
    D'un amour tendre et fort autant qu'impétueux.

    Car tu n'eus peur ni de la mort ni de la vie,
    Et, jusqu'à cet automne fier répercuté
    Vers les jours orageux de ta prime beauté,
    Ton beau sanglot, honneur sublime, t'a...

  • Paris n'a de beauté qu'en son histoire,
    Mais cette histoire est belle tellement !
    La Seine est encaissée absurdement,
    Mais son vert clair à lui seul vaut la gloire.

    Paris n'a de gaîté que son bagout,
    Mais ce bagout, encor qu'assez immonde,
    Il fait le tour des langages du monde,
    Salant un peu ce trop fade ragoût.

    Paris n'a de sagesse que...

  • Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne
    Faisait voler la grive à travers l'air atone,
    Et le soleil dardait un rayon monotone
    Sur le bois jaunissant où la bise détone.

    Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
    Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.
    Soudain, tournant vers moi son regard émouvant
    " Quel fut ton plus beau jour? "...