• Je cherche paix, et ne trouve que guerre,
    Ores j'ay peur, ores je ne crains rien,
    Tantost du mal et tantost j'ay du bien,
    Je vole au ciel et ne bouge de terre.

    Au cueur doubteux l'espérance j'enserre,
    Puis tout à coup je luy romps le lyen,
    Je suis à moy et ne puis estre mien,
    Suyvant sans fin qui me fuyt et m'enferre.

    Je voy sans yeux, je...

  • Sur le bord d'un beau fleuve Amour avoit tendu
    Un filé d'or tissu d'un excellent ouvraige,
    Et là tout seul assis il sembloit qu'au passage
    Il eust quelque gibier longuement attendu.
    J'estoy franc et dispost, mais trop mal entendu,
    Et mon c?ur s'égayoit, mal cault par le rivage,
    Quand je le senti prendre et reduyre en servage,
    Et tout soubdain Amour l'emmener...

  • J'ay fait preuve des deux, meshuy je le puis dire :
    Sois je pres, sois je loing, tant mal traicté je suis,
    Que choisir le meilleur à grand' peine je puis,
    Fors que le mal present me semble tousjours pire.

    Las ! en ce rude choix que me fault il eslire ?
    Quand je ne la voy point, les jours me semblent nuits ;
    Et je sçay qu'à la voir j'ai gaigné mes ennuis...

  • Lors que lasse est de me lasser ma peine,
    Amour, d'un bien mon mal refreschissant,
    Flate au coeur mort ma playe languissant,
    Nourrit mon mal, et luy faict prendre alaine.

    Lors je conçoy quelque esperance vaine ;
    Mais aussi tost ce dur tyran, s'il sent
    Que mon espoir se renforce en croissant,
    Pour l'estoufer, cent tourmans il m'ameine.

    ...

  • Vous qui aimez encore ne sçavez,
    Ores, m'oyant parler de mon Leandre,
    Ou jamais non, vous y debvez aprendre,
    Si rien de bon dans le coeur vous avez.

    Il oza bien, branlant ses bras lavez,
    Armé d'amour, contre l'eau se deffendre
    Qui pour tribut la fille voulut prendre,
    Ayant le frere et le mouton sauvez.

    Un soir, vaincu par les flos...

  • Toy qui oys mes souspirs, ne me sois rigoureux,
    Si mes larmes à part, toutes mienes, je verse,
    Si mon amour ne suit en sa douleur diverse
    Du Florentin transi les regretz langoureux,

    Ny de Catulle aussi, le foulastre amoureux,
    Qui le coeur de sa dame en chastouillant luy perce,
    Ny le sçavant amour du mi-gregois Properce :
    Ils n'ayment pas pour moy, je n...

  • Amour, lors que premier ma franchise fut morte,
    Combien j'avois perdu encor je ne sçavoy,
    Et ne m'advisoy pas, mal sage, que j'avoy
    Espousé pour jamais une prison si forte.

    Je pensoy me sauver de toy en quelque sorte,
    Au fort m'esloignant d'elle ; et maintenant je voy
    Que je ne gaigne rien à fuir devant toy,
    Car ton traict en fuyant avecques moy j'...

  • Enfant aveugle, nain, qui n'as autre prouësse,
    Sinon en trahison quelque flesche tirer,
    Qui n'as autre plaisir sinon de deschirer
    En cent pieces les coeurs de la folle jeunesse ;

    Le corps sans honte nud si ton pere te laisse,
    Il monstre qu'on se doit loing de toy retirer,
    Qui n'as rien que les coeurs que tu peux attirer
    Par les traistres appas de...

  • Au milieu des chaleurs de Juillet l'alteré,
    Du nom de Marguerite une feste est chomee,
    Une feste à bon droit de moy tant estimee :
    Car de ce jour tout l'an ce me semble est paré.

    Ce beau et riche nom, ce nom vrayment doré,
    C'est le nom bienheureux dont ma Dame est nommée,
    Le nom qui de son los charge la renommee,
    Et qui, maugré les ans, de vivre est...

  • Elle est malaade, helas ! que faut-il que je face ?
    Quel confort, quel remede ? Ô cieux, et vous m'oyez
    Et tandis devant vous, ce dur mal vous voyez
    Oultrager sans pitié la douceur de sa face !

    Si vous l'ostez, cruels, à ceste terre basse,
    S'il faut d'elle là haut que riches vous soyez,
    Au moins pensez à moy et, pour Dieu, m'ottroyez,
    Qu'au moins tout d...