• Durant ce temps de moissons et vandanges
    Pratique n'est en ma bourse esprouvée ;
    Qu'il soit ainsi la raison est prouvée,
    Par ce que point ne me vient bon vent d'anges.

    Vin en vaisseaulx, en cave, ne vidanges
    A vendre n'ay, Povreté m'a couvée
    Durant ce temps.

    Blé en garnier ne gerbes n'ay en granges,
    Richesse en moy ne fut onc approuvée...

  • Par ce temps cher mon corps est consumé,
    J'ai peu mangé, encore moins humé ;
    Et si je suis d'être en ce monde las
    La cause y est ; faim me tient en ses lacs ;
    Souvent à Dieu l'ai dit et résumé.

    Que l'on ait vu mon foyer enfumé
    De gros tisons, serait mal présumé,
    Je ne fais feu que de vieils échalas
    Par ce temps cher.

    Quand dîner...

  • Considérant le cours de vie humaine,
    Mon simple état, train tel que et domaine,
    Qu'il n'est besoin le mettre en inventaire,
    N'enregistrer, mais trop mieux de le taire,
    Certain je suis que des biens terriens
    Après la mort n'emporte en terre rien
    Le riche et plain, soit-il gras ou mesgret,
    Fors un linceul. Posé qu'il soit esgret*
    Passer le pas, où...

  • Par accident je suis prins de froidure,
    Et maulgré moy il convient que j'endure,
    Faulte d'Argent me contrainct de ce faire ;
    Parquoy je voy que j'auray de l'affaire
    Se ce temps cy trop longuement m'y dure.

    Necessité, plaine de grand laidure,
    Dessus mon corps a gecté son ordure,
    Pour me tollir la vie et me deffaire,
    Par accident.

    ...

  • D'ung tel ennuy que je souffre et endure,
    Femme, fleur, fruyt, ne plaisante verdure,
    Ne me sçauraient nullement resjouyr ;
    Faulte d'Argent me faict esvanouyr ;
    Jà long temps a que ce malheur me dure.

    Bource sans croix n'est que toute froidure,
    Mon corps en est, de dueil, plain de laidure,
    Et faict mon cueur et mes yeux esblouyr,
    D'ung tel...

  • En la Forest a mainte chose.
    En la Forest on se repose.
    En la Forest faict beau chasser,
    Beau Chanter, beau le temps passer,
    Beau composer en Ryme et prose.

    Toutz motz joyeux on y propose.
    On y Rid, on Raille, on Marmose,
    Et s'il pleut on vient s'adresser
    En la Forest.

    Maint connyn y est en sa crose,
    Et maint Ruysseau qui l'...

  • Le temps est changé grandement
    Si chacun bien y considère
    Et nul ne sait plus bonnement
    Comme il se pourra contrefaire ;
    On ne vit oncq telle misère ;
    (Dieu nous veuille de pis garder !)
    Car nul n'est qui craigne à méfaire
    Contre Dieu ni ses père et mère
    Chacun veut chacun gourmander.

    On n'estime plus maintenant
    Un homme, eût-il...

  • La personne a grand arrogance,
    Ou est de sotise pourveue,
    Qui ne donne à qui la salue
    Ung seul Dieu gard en recompense.

    De luy faire la reverence
    Luy semble qu'est par trop tenue
    La personne.

    D'aultres (sans nulle cognoissance)
    Ont la bouche si fort cousue
    Qu'ung grand mercys n'en prend yssue,
    Pour rien qu'ayt faict à leur...

  • Pour dormir et boire et manger,
    Prendre,ébat et me soulager, je ne crains homme de ma taille
    A qui ne présente bataille,
    Fût-il aussi vaillant qu'
    Ogier.

    Il n'est que moi pour engorger
    Pain, vin, viande et puis chercher
    Quelque étable fourni de paille
    Pour dormir.

    Je ne vaux rien à me charger
    De souci, ni pour ménager
    ...

  • - Bon jour, bon an et bonne étrenne
    Et dieu gard' de mal mes mignons.
    D'où venez-vous ? qui vous amène ?
    - Bon jour, bon an et bonne étrenne,
    Nous venons de la verte plaine,
    De dire motets et chansons.
    - Bon jour, bon an et bonne étrenne
    Et Dieu gard' de mal mes mignons.