• Nos désirs sont d'amour la dévorante braise,
    Sa boutique nos corps, ses flammes nos douleurs,
    Ses tenailles nos yeux, et la trempe nos pleurs,
    Nos soupirs ses soufflets, et nos sens sa fournaise.

    De courroux, ses marteaux, il tourmente notre aise
    Et sur la dureté, il rabat nos malheurs,
    Elle lui sert d'enclume et d'étoffe nos coeurs
    Qu'au feu trop...

  • N'est-ce point sans raison que ces champis désirent
    Etre sur les humains respectés en tous lieux,
    Car ils sont demi-dieux, puisque leurs pères tirent
    Leur louable excrément de substance des Dieux.

    Et si vous adorez un ciboire pour être
    Logis de votre Dieu, vous devez, sans mentir,
    Adorer ou le ventre ou bien le cul d'un Prêtre,
    Quand ce Dieu même y loge...

  • Si vous voyiez mon coeur ainsi que mon visage,
    Vous le verriez sanglant, transpercé mille fois,
    Tout brûlé, crevassé, vous seriez sans ma voix
    Forcée à me pleurer, et briser votre rage.

    Si ces maux n'apaisaient encor votre courage
    Vous feriez, ma Diane, ainsi comme nos rois,
    Voyant votre portrait souffrir les mêmes lois
    Que fait votre sujet qui...

  • En mieux il tournera l'usage des cinq sens.
    Veut-il suave odeur ? il respire l'encens
    Qu'offrit jésus en croix, qui en donnant sa vie
    Fut le prêtre, l'autel et le temple et l'hostie.
    Faut-il des sons ? le Grec qui jadis s'est vanté
    D'avoir ouï les cieux, sur l'Olympe monté,
    Serait ravi plus haut quand cieux, orbes et pôles
    Servent aux voix des saints de...

  • Je brûle avec mon âme et mon sang rougissant
    Cent amoureux sonnets donnés pour mon martyre,
    Si peu de mes langueurs qu'il m'est permis d'écrire
    Soupirant un Hécate, et mon mal gémissant.

    Pour ces justes raisons, j'ai observé les cent :
    A moins de cent taureaux on ne fait cesser l'ire
    De Diane en courroux, et Diane retire
    Cent ans hors de l'enfer...

  • Ne lisez pas ces vers, si mieux vous n'aimez lire
    Les escrits de mon coeur, les feux de mon martyre :
    Non, ne les lisez pas, mais regardez aux Cieux,
    voyez comme ils ont joint leurs larmes à mes larmes,
    Oyez comme les vents pour moy levent les armes,
    A ce sacré papier ne refusez vos yeux.

    Boute-feux dont l'ardeur incessamment me tuë,
    Plus n'est ma...

  • ... Tout logis est exil ; les villages champêtres,
    Sans portes et planchers, sans portes et fenêtres,
    Font une mine affreuse, ainsi que le corps mort
    Montre, en montrant les os, que quelqu'un lui fait tort.
    Les loups et les renards et les bêtes sauvages
    Tiennent place d'humains, possèdent les villages,
    Si bien qu'en même lieu où, en paix, on eut soin
    De...

  • Ainsi l'amour du Ciel ravit en ces hauts lieux
    Mon âme sans la mort, et le corps en ce monde
    Va soupirant çà bas à liberté seconde
    De soupirs poursuivant l'âme jusques aux Cieux.

    Vous courtisez le Ciel, faibles et tristes yeux,
    Quand votre âme n'est plus en cette terre ronde :
    Dévale, corps lassé, dans la fosse profonde,
    Vole en ton paradis, esprit...

  • Puisque le cors blessé, mollement estendu
    Sur un lit qui se courbe aux malheurs qu'il suporte
    Me faict venir au ronge et gouster mes douleurs,
    Mes membres, jouissez du repos pretendu,
    Tandis l'esprit lassé d'une douleur plus forte
    Esgalle au corps bruslant ses ardentes chaleurs.

    Le corps vaincu se rend, et lassé de souffrir
    Ouvre au dard de la mort sa...

  • Dans l'épais des ombres funèbres,
    Parmi l'obscure nuit, image de la mort,
    Astre de nos esprits, sois l'étoile du Nord,
    Flambeau de nos ténèbres.

    Délivre-nous des vains mensonges
    Et des illusions des faibles en la foi :
    Que le corps dorme en paix, que l'esprit veille à toi,
    Pour ne veiller à songes.

    Le corps repose en patience,
    Dorme la...