• En vous donnant ce pourtraict mien
    Dame, je ne vous donne rien
    Car tout le bien qui estoit nostre
    Amour dès le jour le fit vostre
    Que vous me fistes prisonnier,
    Mais tout ainsi qu'un jardinier
    Envoye des presens au maistre
    De son jardin loüé, pour estre
    Toujours la grace desservant
    De l'heritier, qu'il va servant
    Ainsi tous mes presens j'...

  • Foudroye moy de grace ainsi que Capanée
    O pere Jupiter, et de ton feu cruel
    Esteins moy l'autre feu qu'Amour continuel
    Toujours m'alume au coeur d'une flame obstinée.

    É ne vaut-il pas mieus qu'une seule journée
    Me despouille soudain de mon fardeau mortel,
    Que de soufrir toujours en l'ame un tourment, tel
    Que n'en soufre aus enfers l'ame la plus damnée...

  • Verson ces roses pres ce vin,
    De ce vin verson ces roses,
    Et boyvon l'un à l'autre, afin
    Qu'au coeur noz tristesses encloses
    Prennent en boyvant quelque fin.

    La belle Rose du Printemps
    Aubert, admoneste les hommes
    Passer joyeusement le temps,
    Et pendant que jeunes nous sommes
    Esbatre la fleur de noz ans.

    Tout ainsi qu'elle défleurit...

  • Si c'est aimer, Madame, et de jour, et de nuit
    Rêver, songer, penser le moyen de vous plaire,
    Oublier toute chose, et ne vouloir rien faire
    Qu'adorer et servir la beauté qui me nuit :

    Si c'est aimer que de suivre un bonheur qui me fuit,
    De me perdre moi même et d'être solitaire,
    Souffrir beaucoup de mal, beaucoup craindre et me taire,
    Pleurer, crier...

  • Naguiere chanter je voulois
    Comme Francus au bord Gaulois
    Avecq' sa troupe vint descendre,
    Mais mon luc pinçé de mon doi,
    Ne vouloit en dépit de moi
    Que chanter Amour, et Cassandre.

    Je pensoi pource que toujours
    J'avoi dit sur lui mes amours,
    Que ses cordes par long usage
    Chantoient d'amour, et qu'il faloit
    En mettre d'autres, s'on...

  • Meschantes nuicts d'hyver, nuicts filles de Cocyte
    Que la terre engendra d'Encelade les seurs,
    Serpentes d'Alecton, et fureur des fureurs,
    N'aprochez de mon lict, ou bien tournez plus vitte.

    Que fait tant le soleil au gyron d'Amphytrite ?
    Leve toy, je languis accablé de douleurs,
    Mais ne pouvoir dormir c'est bien de mes malheurs
    Le plus grand, qui ma...

  • Ciel, air et vents, plains et monts découverts,
    Tertres vineux et forêts verdoyantes,
    Rivages torts et sources ondoyantes,
    Taillis rasés et vous bocages verts,

    Antres moussus à demi-front ouverts,
    Prés, boutons, fleurs et herbes roussoyantes,
    Vallons bossus et plages blondoyantes,
    Et vous rochers, les hôtes de mes vers,

    Puis qu'au partir,...

  • Ah longues nuicts d'hyver de ma vie bourrelles,
    Donnez moy patience, et me laissez dormir,
    Vostre nom seulement, et suer et fremir
    Me fait par tout le corps, tant vous m'estes cruelles.

    Le sommeil tant soit peu n'esvente de ses ailes
    Mes yeux tousjours ouvers, et ne puis affermir
    Paupiere sur paupiere, et ne fais que gemir,
    Souffrant comme Ixion des...

  • Si je trépasse entre tes bras, Madame,
    Il me suffit, car je ne veux avoir
    Plus grand honneur, sinon que de me voir
    En te baisant, dans ton sein rendre l'âme.

    Celui que Mars horriblement enflamme
    Aille à la guerre, et manque de pouvoir,
    Et jeune d'ans, s'ébatte à recevoir
    En sa poitrine une Espagnole lame ;

    Mais moi, plus froid, je ne requiers...

  • Pourtant si ta maîtresse est un petit putain,
    Tu ne dois pour cela te courroucer contre elle.
    Voudrais-tu bien haïr ton ami plus fidèle
    Pour être un peu jureur, ou trop haut à la main ?

    Il ne faut prendre ainsi tous péchés à dédain,
    Quand la faute en péchant n'est pas continuelle ;
    Puis il faut endurer d'une maîtresse belle
    Qui confesse sa faute, et s'...