• Lors que ta mere estoit preste à gesir de toi,
    Si Jupiter, des Dieus et des hommes le roi,
    Lui eust juré ces mots : l'enfant dont tu es pleine,
    Sera tant qu'il vivra sans douleur et sans peine,
    Et tousjours lui viendront les biens sans y songer,
    Tu dirois à bon droit Jupiter mensonger.
    Mais puis que tu es né, ainsi que tous nous sommes,
    A la condition des...

  • Que tu es Ciceron un affetté menteur,
    Qui dis, qu'il n'y a mal sinon que l'infamie,
    Si tu portois celui que me cause m'amie,
    Pour le moins tu dirois que c'est quelque malheur.

    Je sen journelement un aigle sus mon coeur,
    J'entens un soing grifu, qui come une Furie
    Me ronge impatient, puis tu veus que je die,
    Abusé de tes mots, que mal n'est pas douleur...

  • Le Ciel ne veut, Dame, que je jouisse
    De ce doux bien que dessert mon devoir ;
    Aussi ne veux-je, et ne me plaît d'avoir
    Sinon du mal en vous faisant service.

    Puisqu'il vous plaît, que pour vous je languisse,
    Je suis heureux, et ne puis recevoir
    Plus grand honneur, qu'en mourant, de me voir
    Faire à vos yeux de mon coeur sacrifice.

    Donc si ma...

  • Dedans des Prez je vis une Dryade,
    Qui comme fleur s'assisoyt par les fleurs,
    Et mignotoyt un chappeau de couleurs,
    Echevelée en simple verdugade.

    Des ce jour là ma raison fut malade,
    Mon cuoeur pensif, mes yeulx chargez de pleurs,
    Moy triste et lent : tel amas de douleurs
    En ma franchise imprima son oeillade.

    Là je senty dedans mes...

  • Je veus lire en trois jours l'Iliade d'Homere,
    Et pour-ce, Corydon, ferme bien l'huis sur moy.
    Si rien me vient troubler, je t'asseure ma foy
    Tu sentiras combien pesante est ma colere.

    Je ne veus seulement que nostre chambriere
    Vienne faire mon lit, ton compagnon, ny toy,
    Je veus trois jours entiers demeurer à requoy,
    Pour follastrer apres une sepmaine...

  • A Cassandre

    Mignonne, allons voir si la rose
    Qui ce matin avoit desclose
    Sa robe de pourpre au Soleil,
    A point perdu ceste vesprée
    Les plis de sa robe pourprée,
    Et son teint au vostre pareil.

    Las ! voyez comme en peu d'espace,
    Mignonne, elle a dessus la place
    Las ! las ses beautez laissé cheoir !
    Ô vrayment marastre Nature,
    ...

  • Bien que les champs, les fleuves et les lieux,
    Les monts, les bois, que j'ai laissés derrière,
    Me tiennent loin de ma douce guerrière,
    Astre fatal d'où s'écoule mon mieux,

    Quelque Démon par le congé des Cieux,
    Qui présidait à mon ardeur première,
    Conduit toujours d'une aile coutumière
    Sa belle image au séjour de mes yeux.

    Toutes les nuits,...

  • Ah fievreuse maladie,
    Coment es-tu si hardie
    D'assaillir mon pauvre cors
    Qu'amour dedans et dehors
    De nuit et de jour m'enflame,
    Jusques au profond de l'ame ;
    Et sans pitié prend à jeu
    De le mettre tout en feu :
    Ne crains-tu point vieille blême
    Qu'il ne te brule toimême ?
    Mais que cerches-tu chés moi ?
    Sonde moi partout, et voi
    Que je...

  • Chanson

    Bonjour mon coeur, bonjour ma douce vie.
    Bonjour mon oeil, bonjour ma chère amie,
    Hé ! bonjour ma toute belle,
    Ma mignardise, bonjour,
    Mes délices, mon amour,
    Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle,
    Mon doux plaisir, ma douce colombelle,
    Mon passereau, ma gente tourterelle,
    Bonjour, ma douce rebelle.

    Hé ! faudra-t-il...

  • Quand au temple nous serons
    Agenouillés, nous ferons
    Les dévots selon la guise
    De ceux qui pour louer Dieu
    Humbles se courbent au lieu
    Le plus secret de l'église.

    Mais quand au lit nous serons
    Entrelacés, nous ferons
    Les lascifs selon les guises
    Des amants qui librement
    Pratiquent folâtrement
    Dans les draps cent mignardises.
    ...