• Quand j'ai pensé en vous, ma bien-aimée,
    Trouver n'en puis de si grande beauté :
    Et de vertu seriez plus estimée,
    Qu'autre qui soit, si n'était cruauté.
    Mais pour vous aimer loyaument
    J'ai récompense de tourment :
    Toutefois quand il vous plaira,
    Mon mal par merci finira.

    Dès que mon oeil aperçut votre face,
    Ma liberté du tout m'abandonna,...

  • Mes créanciers, qui de dizains n'ont cure,
    Ont lu le vôtre, et sur ce, leur ai dit :
    " Sire Michel, sire Bonaventure,
    " La soeur du roi a fait pour moi ce dit. "
    Lors eux, cuidant que fusse en grand crédit,
    M'ont appelé monsieur à cri et cor,
    Et m'a valu votre écrit autant qu'or,
    Car promis ont, non seulement d'attendre,
    Mais d'en prêter, foi de...

  • Monsieur l'abbé et monsieur son valet
    Sont faits égaux, tous deux comme de cire :
    L'un est grand fou, l'autre petit follet ;
    L'un veut railler, l'autre gaudir et rire ;
    L'un boit du bon ; l'autre ne boit du pire.
    Mais un débat le soir entr'eux s'émeut :
    Car maître abbé toute la nuit ne veut
    Etre sans vin, que sans secours ne meure,
    Et son valet...

  • Avant mes jours mort me faut encourir
    Par un regard, dont m'as voulu férir,
    Et ne te chaut de ma griève tristesse :
    Mais n'est-ce pas à toi grande rudesse,
    Vu que tu peux si bien me secourir ?

    Auprès de l'eau me faut de soif périr.
    Je me vois jeune, et en âge fleurir,
    Et si me montre être plein de vieillesse
    Avant mes jours.

    Or, si je...

  • Adieu la cour, adieu les dames,
    Adieu les filles et les femmes,
    Adieu vous dis pour quelques temps,
    Adieu vos plaisants passetemps ;
    Adieu le bal, adieu la danse,
    Adieu mesure, adieu cadence,
    Tambourin, haubois et violons,
    Puisqu'à la guerre nous allons.
    Adieu les regards gracieux,
    Messagers des coeurs soucieux ;
    Adieu les profondes...

  • Languir me fais sans t'avoir offensée :
    Plus ne m'écris, plus de moi ne t'enquiers.
    Mais nonobstant autre Dame ne quiers :
    Plutôt mourir que changer ma pensée.

    Je ne dis pas t'amour être effacée,
    Mais je me plains de l'ennui que j'acquiers,
    Et loin de toi humblement te requiers
    Que loin de moi, de moi ne sois fâchée.

  • Je ne fais rien que requérir
    Sans acquérir
    Le don d'amoureuse liesse.
    Las, ma Maîtresse,
    Dites, quand est-ce
    Qu'il vous plaira me secourir.
    Je ne fais rien que requérir.

    Votre beauté qu'on voit flourir
    Me fait mourir :
    Ainsi j'aime ce qui me blesse.
    C'est grand simplesse :
    Mais grand sagesse,
    Pourvu que m'en veuillez guérir....

  • Jusque à la mort Dame t'eusse clamée,
    Mais un nouveau t'a si bien réclamée
    Que tu ne veux qu'à son leurre venir :
    Si ne peux-tu contre moi soutenir,
    Pourquoi l'amour dût être consommée.

    Car en tous lieux toujours t'ai estimée,
    Et si on dit que je t'ai déprimée,
    Je dis que non, et le veux maintenir
    Jusque à la mort.

    Dieu doint que pis tu...

  • devant le logis du seigneur Trivulse


    Au Ciel n'y a ne Planette ne Signe
    Qui si a point sceust gouverner l'Année
    Comme est Lyon, la Cité, gouvernée
    Par toy, Trivulse, homme cler et insigne.

    Cela disons pour ta Vertu condigne
    Et pour la joye entre nous demenee,
    Dont tu nous a la Liberté donnée,
    La Liberté des tresors le plus digne....

  • Du premier coup, entendez ma réponse,
    Fols détracteurs. Mon Maître vous annonce
    Par moi, qui suis l'un de ses clercs nouveaux,
    Que pour rimer ne vous craint deux naveaux,
    Et eussiez-vous de sens encor une once.

    Si l'épargnez, tous deux je vous renonce :
    Piquez-le donc mieux que d'épine ou ronce,
    Lui envoyant des meilleurs et plus beaux
    Du premier...