• Combien que ton Magny ait la plume si bonne,
    Si prendrais-je avec lui de tes vertus le soin,
    Sachant que Dieu, qui n'a de nos présents besoin,
    Demande les présents de plus d'une personne.

    Je dirais ton beau nom, qui de lui-même sonne
    Ton bruit parmi la France, en Itale, et plus loin :
    Et dirais que Henri est lui-même témoin
    Combien un Avanson avance...

  • Si tu veux sûrement en cour te maintenir,
    Le silence, Ronsard, te soit comme un décret.
    Qui baille à son ami la clef de son secret,
    Le fait de son ami son maître devenir.

    Tu dois encor, Ronsard, ce me semble, tenir
    Avec ton ennemi quelque moyen discret,
    Et faisant contre lui, montrer qu'à ton regret
    Le seul devoir te fait en ces termes venir....

  • Si par peine et sueur et par fidélité,
    Par humble servitude et longue patience,
    Employer corps et biens, esprit et conscience,
    Et du tout mépriser sa propre utilité,

    Si pour n'avoir jamais par importunité
    Demandé bénéfice ou autre récompense,
    On se doit enrichir, j'aurai (comme je pense)
    Quelque bien à la fin, car je l'ai mérité.

    Mais si par...

  • Encore que l'on eût heureusement compris
    Et la doctrine grecque et la romaine ensemble,
    Si est-ce, Gohory, qu'ici, comme il me semble,
    On peut apprendre encor, tant soit-on bien appris.

    Non pour trouver ici de plus doctes écrits
    Que ceux que le français soigneusement assemble,
    Mais pour l'air plus subtil, qui doucement nous emble
    Ce qui est plus...

  • Sacrés coteaux, et vous saintes ruines,
    Qui le seul nom de Rome retenez,
    Vieux monuments, qui encor soutenez
    L'honneur poudreux de tant d'âmes divines :

    Arcs triomphaux, pointes du ciel voisines,
    Qui de vous voir le ciel même étonnez,
    Las, peu à peu cendre vous devenez,
    Fable du peuple et publiques rapines !

    Et bien qu'au temps pour un temps...

  • Maudit soit mille fois le Borgne de Libye,
    Qui, le coeur des rochers perçant de part en part,
    Des Alpes renversa le naturel rempart,
    Pour ouvrir le chemin de France en Italie.

    Mars n'eût empoisonné d'une éternelle envie
    Le coeur de l'Espagnol et du Français soudard,
    Et tant de gens de bien ne seraient en hasard
    De venir perdre ici et l'honneur et la...

  • Quiconque soit qui s'étudie
    En leur langue imiter les vieux,
    D'une entreprise trop hardie
    II tente la voie des cieux,
    Croyant en des ailes de cire,
    Dont Phébus le peut déplumer
    Et semble, à le voir, qu'il désire
    Donner nouveaux noms à la mer.
    Il y met de l'eau, ce me semble,
    Et pareil peut être encore est
    A celui qui du bois assemble...

  • Muse, qui autrefois chantas la verte Olive,
    Empenne tes deux flancs d'une plume nouvelle,
    Et te guidant au ciel avecques plus haute aile,
    Vole où est d'Apollon la belle plante vive.

    Laisse, mon cher souci, la paternelle rive,
    Et portant dsormais une charge plus belle,
    Adore ce haut nom dont la gloire immortelle
    De notre pôle arctique à l'autre...

  • Si après quarante ans de fidèle service
    Que celui que je sers a fait en divers lieux,
    Employant, libéral, tout son plus et son mieux
    Aux affaires qui sont de plus digne exercice,

    D'un haineux étranger l'envieuse malice
    Exerce contre lui son courage odieux,
    Et sans avoir souci des hommes ni des dieux,
    Oppose à la vertu l'ignorance et le vice,

    ...

  • Les Boys fueilluz, et les herbeuses Ryves
    N'admirent tant parmy sa Troupe saincte
    Dyane, alors que le chaut l'a contrainte
    De pardonner aux bestes fugitives.

    Que tes beautez, dont les autres tu prives
    De leurs Honneurs, non sans Envie mainte,
    Veu que tu rends toute Lumiere etainte
    Par la clarté de deux Etoiles vyves.

    Les Demydieux, et...