Par les plaines de ma crainte, tournée au Nord,
Voici le vieux berger des Novembres qui corne,
Debout, comme un malheur, au seuil du bercail morne,
Qui corne au loin l’appel des troupeaux de la mort.
L’étable est cimentée avec mon vieux remords,
Au fond de mes pays de tristesse sans borne,
Qu’un ruisselet, bordé de menthe et de...
Les pies
Sautent, noires et blanches,
Et crient.
Monumental comme une grange en marche,
Sur la montée, à contre-ciel, près d’un village,
Bombe sa charge ;
De jaune et reluisant osier
Ils sont partis, de lieue en lieue,
Les pigeons gris, les pigeons bleus.
— Oh ! les cahots du fourgon lourd —
Ils sont partis dans les bagarres,
Les heurts, les cris et les...
Et fait grosse sa voix,
Ils s’exaltent en leur cage de bois,
Les doux pinsons aveugles.
Toute la vie ;
Mais depuis lors,
Ardente, inassouvie,
Plus violente encor,
Vibre, dans l’air,...
La plaine est morne et ses chaumes et granges
Et ses fermes dont les pignons sont vermoulus,
La plaine est morne et lasse et ne se défend plus,
La plaine est morne et morte — et la ville la mange.
Formidables et criminels,
Les bras des machines hyperboliques.
Fauchant les blés évangéliques,...
Sous la tristesse et l’angoisse des cieux
Les lieues
S’en vont autour des plaines ;
Sous les cieux bas
Dont les nuages traînent,
Immensément, les lieues
Marchent, là-bas.
Droites sur des chaumes, les tours ;
Et des gens las, par tas,
Qui vont de bourg en bourg.
Sous la tristesse et l’angoisse des cieux...
Longue comme des fils sans fin, la longue pluie
Interminablement, à travers le jour gris,
Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris,
Infiniment, la pluie,
La longue pluie,
La pluie.
Elle s’effile ainsi, depuis hier soir,
Des haillons mous qui pendent,
Au ciel maussade et noir.
Elle s’étire, patiente et lente,...
Fouillant les cieux, fouillant les coins,
Et leurs tetins gluants de boue
Et de gadoue,
Les porcs, lourds et compacts
Comme des sacs,
Comme des tonnes,
Férocement gloutonnent.
L’étable est pareille à l’égout :
Toutes les moisissures
Y fermentent en des remous
De lavasses et...
Toute la mer va vers la ville !
Son port est innombrable et sinistre de croix,
Vergues transversales barrant les grands mâts droits.
Son port est pluvieux de suie à travers brumes,
Où le soleil comme un œil rouge et colossal larmoie.
Son port est ameuté de steamers noirs qui fument
Et mugissent, au fond du soir, sans qu’on les voie....
Et vivez à la dérobée
Des miettes d’ombre et d’or tombées
Du festin rouge des aïeux.
Notre rêve ne veut pas croire
Que plus jamais la belle gloire
Ne...