• Et maintenant voici l’hiver
    et mon cœur qui s’était allé,
    revenu heureux dans sa terre
    sachant que tout est à aimer,

    depuis le ciel, depuis la mer
    jusque mieux et plus humblement
    les objets de toutes manières
    fidèles ineffablement.

    Or foi mise ainsi dans les choses,
    alors...

  • Et maintenant voici que l’on boit et qu’on mange,
    que les lèvres ont joie, que la bouche est aux anges,

    et qu’à fruits d’ornement, figue, amande et raisins,
    tout compte fait ici c’est mon livre à sa fin,

    car à présent voici que l’on rit et l’on danse
    à la mode d’Espagne, à la mode de France,

    et que c’est vous...

  • Et Marie lit un évangile
    avec ses deux mains sur son cœur,
    et Marie lit un évangile
    dans la prairie qui chante-fleure,

    et l’herbe, et toutes les couleurs
    des fleurs autour épanouies
    lui disent la joie de leur vie
    avec des mots tout en douceur.

    Or les anges dans les nuées
    et...

  •  
    Sous l’éclat blanc du jour, sous la fraîcheur des cèdres,
    Sous la nuit où poudroie un peuple de soleils,
    Longtemps j’ai promené mes souvenirs, pareils
    Aux tragiques douleurs des Saphos et des Phèdres ;

    Mais l’azur clair, les bois profonds, les blondes nuits
    En moi n’ont point versé leurs influences calmes ;
    Sous les astres, sous les rayons et sous...

  • II

    Et s’il revenait un jour
    Que faut-il lui dire ?
    — Dites-lui qu’on l’attendit
    Jusqu’à s’en mourir…

    Et s’il m’interroge encore
    Sans me reconnaître ?
    — Parlez-lui comme une sœur,
    Il souffre peut-être…

    Et s’il demande où vous êtes
    Que faut-il répondre ?
    — Donnez-lui mon anneau d’or
    Sans rien lui...

  • Et vaisseau, mon bon frère,
    et lors voile, ma sœur,
    et tout autour la mer,
    et la tulipe en fleur,

    c’est Hollande avec nous ;

    et mes bons camarades
    d’abord les menuisiers,
    donnez-vous l’accolade
    et chantez les cordiers,

    Hollande est avec vous.

    Puis baiser de...

  • II

    Et voilà donc les jours tragiques revenus !
    On dirait, à voir tant de signes inconnus,
    Que pour les nations commence une autre hégire.

    Pâle Alighieri, toi, frère de Cynégire,
    O sévères témoins, ô justiciers égaux,
    Penchés, l'un sur Florence et l'autre sur Argos,
    Vous qui fîtes, esprits sur qui l'aigle se pose,
    Ces...

  • Les nuages à l’horizon se pelotonnent ;

    Le vent bondit au loin, de forêt en forêt ;
    Sous l’averse qui rôde et sabre les guérets,
    Les blancs troupeaux transis quittent les prés d’automne.

    Les étables, au fond des cours,
    Les étables, depuis l’été désertes,
    Les attendent portes ouvertes,
    Et chaque bête au mufle lourd...

  • On fut reçu par la fougère et l’ananas
    L’antilope craintif sous l’ipécacuanha.
    Le moine enlumineur quitta son aquarelle
    Et le vaisseau n’avait pas replié son aile
    Que cent abris légers fleurissaient la forêt.
    Les nonnes labouraient. L’une d’elles pleurait
    Trouvant dans une lettre un sujet de chagrin.
    Un moine intempérant s’enivrait...

  • Non loin du port, la nuit, lorsque l’essor
    Des tours et des palais vertigineux s’affaisse
    Dans l’ombre — et que brûlent des yeux de braise,
    Le quartier fauve et noir allume encor
    Son vieux décor de vice et d’or.

    Des commères, blocs de viande tassée et lasse,
    Interpellent, du seuil de portes basses,
    Les gens qui passent ;
    ...