• Quand les muses, pleurant la gloire de la France,
    Avec des souvenirs lui rendent l’espérance,
    Poëte et citoyen, de quel œil peux-tu voir
    Une ligue hypocrite alarmer le pouvoir,
    Et, frappant au guichet de Sainte-Pélagie,
    Tantôt pour la chanson, tantôt pour l’élégie,
    Avec le fer des lois poursuivre sans repos
    Un art dont la lumière a trahi ses complots...

  • Est-il vrai ? La Fayette, après ce long voyage,
    Sans cesse ralenti par un nouvel hommage,
    Convié par l’amour à nos banquets obscurs,
    Fait passer aujourd’hui son triomphe en nos murs !
    Des fleurs que l’on jetait naguère à la puissance,
    Citoyens, couronnez la gloire qui s’avance.
    Le siècle des héros a commencé par lui,
    Et, le dernier de tous, il le...

  •  
      Ô femmes, c’est pour vous que j’accorde ma lyre ;
    Ô femmes, c’est pour vous qu’en mon brûlant délire,
    D’un usage orgueilleux, bravant les vains efforts,
    Je laisse enfin ma voix exprimer mes transports.
    Assez et trop longtemps la honteuse ignorance
    A jusqu’en vos vieux jours prolongé votre enfance ;
    Assez et trop longtemps les hommes, égarés,
    ...

  •    Grand roi, c’est vainement qu’abjurant la satire
    Pour toi seul désormais j’avais fait vœu d’écrire.
    Dès que je prends la plume, Apollon éperdu
    Semble me dire : Arrête, insensé ; que fais-tu ?
    Sais-tu dans quels périls aujourd’hui tu t’engages ?
    Cette mer où tu cours est célèbre en naufrages.
       Ce n’est pas qu’aisément, comme un autre, à ton char
    Je...

  • En vain, pour te louer, ma muse toujours prête,
    Vingt fois de la Hollande a tenté la conquête :
    Ce pays, où cent murs n'ont pu te résister,
    Grand roi, n'est pas en vers si facile à domter.
    Des villes que tu prends les noms durs et barbares
    N'offrent de toutes parts que syllabes...

  • Dangereux ennemi de tout mauvais flatteur,
    Seignelai, c’est en vain qu’un ridicule auteur,
    Prêt à porter ton nom « de l’Èbre jusqu’au Gange, »
    Croit te prendre aux filets d’une sotte louange.
    Aussitôt ton esprit, prompt à se révolter,
    S’échappe, et rompt le piège où l’on veut l’arrêter.
    Il n’en est pas ainsi de ces esprits frivoles,
    Que tout flatteur...

  • Esprit né pour la cour, et maître en l'art de plaire,
    Guilleragues, qui sais et parler et te taire,
    Apprends-moi si je dois ou me taire ou parler.
    Faut-il dans la satire encor me signaler,
    Et, dans ce champ fécond en plaisantes malices,
    Faire encore aux auteurs redouter mes...

  • Oui, Lamoignon, je fuis les chagrins de la ville,
    Et contre eux la campagne est mon unique asile.
    Du lieu qui m’y retient veux-tu voir le tableau ?
    C’est un petit village, ou plutôt un hameau,
    Bâti sur le penchant d’un long rang de collines,
    D’où l’œil s’égare au loin dans les plaines voisines.
    La Seine, au pied des monts que son flot vient laver,
    ...

  • Que tu sais bien, Racine, à l’aide d’un acteur,
    Emouvoir, étonner, ravir un spectateur !
    Jamais Iphigénie, en Aulide immolée,
    N’a coûté tant de pleurs à la Grèce assemblée,
    Que dans l’heureux spectacle à nos yeux étalé
    En a fait, sous son nom, verser la Champmeslé.
    Ne crois pas toutefois, par tes savants ouvrages,
    Entraînant tous les cœurs, gagner...

  • Grand roi, cesse de vaincre, ou je cesse d'écrire.
    Tu sais bien que mon style est né pour la satire;
    Mais mon esprit, contraint de la désavouer,
    Sous ton régne étonnant ne veut plus que louer.
    Tantôt, dans les ardeurs de ce zèle incommode,
    Je songe à mesurer les syllabes d'une...