• Quoi ! Vous êtes monarque, et vous m’aimez encore !
    Quoi ! Le premier moment de cette heureuse aurore
    qui promet à la terre un jour si lumineux,
    marqué par vos bontés, met le comble à mes voeux !
    ô coeur toujours sensible ! âme toujours égale !
    Vos mains du trône à moi remplissent l’intervalle.
    Citoyen couronné, des préjugés vainqueur,
    vous m’écrivez...

  • Toi qui, mêlant toujours l’agréable à l’utile,
    des plaisirs aux travaux passes d’un vol agile,
    que j’aime à voir ton goût, par des soins bienfaisants,
    encourager les arts à ta voix renaissants !
    Sans accorder jamais d’injuste préférence,
    entre tous ces rivaux tiens toujours la balance.
    De Melpomène en pleurs anime les accents ;
    de sa riante soeur...

  • non, il n’est point ingrat ; c’est moi qui suis injuste ;
    il fait des vers, il m’aime ; et ce héros auguste,
    en inspirant l’amour, en répandant l’effroi,
    caresse encor sa muse, et badine avec moi.
    Du bouclier de Mars il s’est fait un pupitre ;
    de sa main triomphante il me trace une épître,
    une épître où son coeur a paru tout entier.
    J’y vois le bel...

  • Tu sortais des bras du sommeil,
    et déjà l’oeil du jour voyait briller tes charmes,
    lorsque le tendre amour parut à ton réveil ;
    il te baisait les mains, qu’il baignait de ses larmes.
    « ingrate, te dit-il, ne te souvient-il plus
    des bienfaits que sur toi l’amour a répandus ?
    J’avais une autre espérance
    lorsque je te donnai ces traits, cette beauté,...

  • Eh bien ! Mauvais plaisants, critiques obstinés,
    prétendus beaux esprits, à médire acharnés,
    qui, parlant sans penser, fiers avec ignorance,
    mettez légèrement les rois dans la balance ;
    qui d’un ton décisif, aussi hardi que faux,
    assurez qu’un savant ne peut être un héros ;
    ennemis de la gloire et de la poésie,
    grands critiques des rois, allez en...

  • les vers et les galants écrits
    ne sont pas de cette province,
    et dans les lieux où tout est prince
    il est très-peu de beaux esprits.
    Jean Rousseau, banni de Paris,
    vit émousser dans ce pays
    le tranchant aigu de sa pince ;
    et sa muse, qui toujours grince,
    et qui fuit les jeux et les ris,
    devint ici grossière et mince.
    Comment vouliez-...

  • Vous flattez trop ma vanité :
    cet art si séduisant vous était inutile ;
    l’art des vers suffisait ; et votre aimable style
    m’a lui seul assez enchanté.
    Votre âge quelquefois hasarde ses prémices.
    En esprit, ainsi qu’en amour,
    le temps ouvre les yeux, et l’on condamne un jour
    de ses goûts passagers les premiers sacrifices.
    à la moins aimable beauté...

  • ...
    Lorsque, pour tenir la balance,
    l’anglais vide son coffre-fort ;
    lorsque l’espagnol sans puissance
    croit partout être le plus fort ;
    quand le français vif et volage
    fait au plus vite un empereur ;
    quand Belle-Isle n’est pas sans peur
    pour l’ouvrier et pour l’ouvrage ;
    quand le batave un peu tardif,
    rempli d’égards et de scrupule,...

  • Ceux qui sont nés sous un monarque
    font tous semblant de l’adorer ;
    sa majesté, qui le remarque,
    fait semblant de les honorer ;
    et de cette fausse monnoie
    que le courtisan donne au roi,
    et que le prince lui renvoie,
    chacun vit, ne songeant qu’à soi.
    Mais lorsque la philosophie,
    la séduisante poésie,
    le goût, l’esprit, l’amour des arts...

  • ô déesse de la santé,
    fille de la sobriété,
    et mère des plaisirs du sage,
    qui sur le matin de notre âge
    fais briller ta vive clarté,
    et répands la sérénité
    sur le soir d’un jour plein d’orage,
    ô déesse, exauce mes voeux !
    Que ton étoile favorable
    conduise ce mortel aimable ;
    il est si digne d’être heureux !
    Sur Hénault tous les...