• Lorsque ce grand courrier de la philosophie,
    Condamine l’observateur,
    de l’Afrique au Pérou conduit par Uranie,
    par la gloire, et par la manie,
    s’en va griller sous l’équateur,
    Maupertuis et Clairaut, dans leur docte fureur,
    vont geler au pôle du monde.
    Je les vois d’un degré mesurer la longueur,
    pour ôter au peuple rimeur
    ce beau nom de...

  • Mon esprit avec embarras
    poursuit des vérités arides ;
    j’ai quitté les brillants appas
    des muses, mes dieux et mes guides,
    pour l’astrolabe et le compas
    des Maupertuis et des Euclides.
    Du vrai le pénible fatras
    détend les cordes de ma lyre ;
    Vénus ne veut plus me sourire,
    les grâces détournent leurs pas.
    Ma muse, les yeux pleins de...

  • Toi qui fus des plaisirs le délicat arbitre,
    tu languis, cher abbé ; je vois, malgré tes soins,
    que ton triple menton, l’honneur de ton chapitre,
    aura bientôt deux étages de moins.
    Esclave malheureux du chagrin qui te dompte,
    tu fuis un repas qui t’attend !
    Tu jeûnes comme un pénitent ;
    pour un chanoine quelle honte !
    Quels maux si rigoureux...

  • Charmante Iris, qui, sans chercher à plaire,
    savez si bien le secret de charmer ;
    vous dont le coeur, généreux et sincère,
    pour son repos sut trop bien l’art d’aimer ;
    vous dont l’esprit, formé par la lecture,
    ne parle pas toujours mode et coiffure ;
    souffrez, Iris, que ma muse aujourd’hui
    cherche à tromper un moment votre ennui.
    Auprès de vous...

  • Tu m’appelles à toi, vaste et puissant génie,
    Minerve de la France, immortelle émilie ;
    je m’éveille à ta voix, je marche à ta clarté,
    sur les pas des vertus et de la vérité.
    Je quitte Melpomène et les jeux du théâtre,
    ces combats, ces lauriers, dont je fus idolâtre ;
    de ces triomphes vains mon coeur n’est plus touché.
    Que le jaloux Rufus, à la terre...

  • Prince, il est peu de rois que les muses instruisent ;
    peu savent éclairer les peuples qu’ils conduisent.
    Le sang des Antonins sur la terre est tari ;
    car, depuis ce héros de Rome si chéri,
    ce philosophe roi, ce divin Marc-Aurèle,
    des princes, des guerriers, des savants le modèle,
    quel roi, sous un tel joug osant se captiver,
    dans les sources du vrai...

  • Quoi ! Celle qui n’a dû connaître
    que les grâces, ses tendres soeurs,
    de qui les mains cueillent des fleurs,
    et de qui les pas les font naître,
    en philosophe ose paraître
    dans les profondeurs des détours
    où l’on voit les épines croître ;
    et la maîtresse des amours
    a choisi Newton pour son maître !
    Je vois cette jeune beauté,
    du palais...

  • Vous ordonnez que je vous dise
    tout ce qu’à Cirey nous faisons :
    ne le voyez-vous pas sans qu’on vous en instruise ?
    Vous êtes notre maître, et nous vous imitons :
    nous retenons de vous les plus belles leçons
    de la sagesse d’épicure ;
    comme vous, nous sacrifions
    à tous les arts, à la nature ;
    mais de fort loin nous vous suivons.
    Ainsi,...

  • Un peu philosophe et bergère,
    dans le sein d’un riant séjour,
    loin des riens brillants de la cour,
    des intrigues du ministère,
    des inconstances de l’amour,
    des absurdités du vulgaire
    toujours sot et toujours trompé,
    et de la troupe mercenaire
    par qui ce vulgaire est dupé,
    je vis heureuse et solitaire ;
    non pas que mon esprit sévère...

  • Apprenti fermier général,
    très-savant maître en l’art de plaire,
    chez Plutus, ce gros dieu brutal,
    vous portâtes mine étrangère ;
    mais chez les amours et leur mère,
    chez Minerve, chez Apollon,
    lorsque vous vîntes à paraître,
    on vous prit d’abord pour le maître
    ou pour l’enfant de la maison.
    Vainement sur votre menton
    la main de l’...