• Gustave, jeune roi, digne de ton grand nom,
    je n’ai donc pu goûter le plaisir et la gloire
    de voir dans mes déserts, en mon humble maison,
    le fils de ce héros que célébra l’histoire !
    J’aurais cru ressembler à ce vieux Philémon,
    qui recevait les dieux dans son pauvre ermitage.
    Je les aurais connus à leur noble langage,
    à leurs moeurs, à leurs traits,...

  • De Barmécide épouse généreuse,
    toujours aimable, et toujours vertueuse,
    quand vous sortez des rêves de Bagdat,
    quand vous quittez leur faux et triste éclat,
    et que, tranquille aux champs de la Syrie,
    vous retrouvez votre belle patrie ;
    quand tous les coeurs en ces climats heureux
    sont sur la route et vous suivent tous deux,
    votre départ est un...

  • Toujours ami des vers, et du diable poussé,
    au rigoureux Boileau j’écrivis l’an passé.
    Je ne sais si ma lettre aurait pu lui déplaire ;
    mais il me répondit par un plat secrétaire,
    dont l’écrit froid et long, déjà mis en oubli,
    ne fut jamais connu que de l’abbé Mably.
    Je t’écris aujourd’hui, voluptueux Horace,
    à toi qui respiras la mollesse et la grâce...

  • Jeune et digne héritier du grand nom de Gustave,
    sauveur d’un peuple libre, et roi d’un peuple brave,
    tu viens d’exécuter tout ce qu’on a prévu :
    Gustave a triomphé sitôt qu’il a paru.
    On t’admire aujourd’hui, cher prince, autant qu’on t’aime.
    Tu viens de ressaisir les droits du diadème.
    Et quels sont en effet ses véritables droits ?
    De faire des...

  • Mon très-aimable successeur,
    de la France historiographe,
    votre indigne prédécesseur
    attend de vous son épitaphe.
    Au bout de quatre-vingts hivers,
    dans mon obscurité profonde,
    enseveli dans mes déserts,
    je me tiens déjà mort au monde.
    Mais sur le point d’être jeté
    au fond de la nuit éternelle,
    comme tant d’autres l’ont été,
    tout...

  • Le bon vieillard très-inutile
    que vous nommez Anacréon,
    mais qui n’eut jamais de bathyle,
    et qui ne fit point de chanson,
    loin de Marseille et d’Hélicon
    achève sa pénible vie
    auprès d’un poêle et d’un glaçon,
    sur les montagnes d’Helvétie.
    Il ne connaissait que le nom
    de cette Grèce si polie.
    La bigote inquisition
    s’opposait à sa...

  • Philosophe indulgent, ministre citoyen,
    qui ne cherchas le vrai que pour faire le bien ;
    qui d’un peuple léger, et trop ingrat peut-être,
    préparais le bonheur et celui de son maître,
    ce qu’on nomme disgrâce a payé tes bienfaits.
    Le vrai prix du travail n’est que de vivre en paix.
    Ainsi que Lamoignon, délivré des orages,
    à toi-même rendu, tu n’instruis...

  • J’étais nonchalamment tapi
    dans le creux de cette statue
    contre laquelle a tant glapi
    des méchants l’énorme cohue ;
    je voulais d’un écrit galant
    cajoler la belle héroïne
    qui me fit un si beau présent
    du haut de la double colline.
    Mais on m’apprend que votre époux,
    qui sur la croupe du parnasse
    s’était mis à côté de vous,
    a...

  • Quel triomphe accablant, quelle indigne victoire
    cherchez-vous tristement à remporter sur vous ?
    Votre esprit éclairé pourra-t-il jamais croire
    d’un double testament la chimérique histoire,
    et les songes sacrés de ces mystiques fous,
    qui, dévots fainéants et pieux loups-garous,
    quittent de vrais plaisirs pour une fausse gloire ?
    Le plaisir est l’objet...

  • Mon dieu ! Que vos rimes en ine
    m’ont fait passer de doux moments !
    Je reconnais les agréments
    et la légèreté badine
    de tous ces contes amusants
    qui faisaient les doux passe-temps
    de ma nièce et de ma voisine.
    Je suis sorcier, car je devine
    ce que seront les jeunes gens ;
    et je prévis bien dès ce temps
    que votre muse libertine
    ...