• À quoi bon tant d’efforts, de larmes et de cris,
    Cotin, pour faire ôter ton nom de mes ouvrages ?
    Si tu veux du public éviter les outrages,
    Fais effacer ton nom de tes propres écrits.

  • Elle a, dit-on, cette bouche et ces yeux
    Par qui d’Amour Psyché devint maîtresse ;
    Elle a d’Hébé le souris gracieux,
    La taille libre, et l’air d’une déesse.
    Que dirai plus ? On vante sa sagesse ;
    Elle est polie et de doux entretien,
    Connaît le monde, écrit et parle bien,
    Et de la cour sait tout le formulaire.
    Finalement il ne lui manque rien....

  • Près de sa mort une vieille incrédule
    Rendait un moine interdit et perclus :
    Ma chère fille, une simple formule
    D’acte de foi ! quatre mots, et rien plus.
    Je ne saurais. Mon Dieu, dit le reclus,
    Inspirez-moi ! Ça, voudriez-vous être
    Persuadée ? Oui : je voudrais connaître,
    Toucher au doigt, sentir la vérité.
    Eh bien, courage ! allons, reprit le...

  • Certain ivrogne, après maint long repas,
    Tomba malade. Un docteur galénique
    Fut appelé. Je trouve ici deux cas,
    Fièvre adurante, et soif plus que cynique.
    Or, Hippocras tient pour méthode unique,
    Qu’il faut guérir la soif premièrement.
    Lors le fiévreux lui dit : Maître Clément,
    Ce premier point n’est le plus nécessaire :
    Guérissez-moi ma fièvre...

  • Ce monde-ci n’est qu’une œuvre comique
    Où chacun fait ses rôles différents.
    Là, sur la scène, en habit dramatique,
    Brillent prélats, ministres, conquérants.
    Pour nous, vil peuple, assis aux derniers rangs,
    Troupe futile et des grands rebutée,
    Par nous d’en bas la pièce est écoutée,
    Mais nous payons, utiles spectateurs ;
    Et, quand la farce est...

  • Quand j’aperçois sous ce portique
    Ce moine au regard fanatique,
    Lisant ses vers audacieux,
    Faits pour les habitants des cieux,
    Ouvrir une bouche effroyable,
    S’agiter, se tordre les mains,
    II me semble en lui voir le diable
    Que Dieu force à louer les saints.

  • Quand sur Bayard, par bois ou sur montagne,
    À giboyer vous prenez vos ébats,
    Dieux des forêts d’abord sont en campagne,
    Et vont en troupe admirer vos appas.
    Amis Sylvains, ne vous y fiez pas ;
    Car ses regards font souvent pires niches
    Que feu ni fer ; et cœurs, en tel pourchas,
    Risquent du moins autant que cerfs et biches.

  • Vil imposteur, je vois ce qui te flatte :
    Tu crois peut-être aigrir mon Apollon
    Par tes discours ; et, nouvel Érostrate,
    À prix d’honneur, tu veux te faire un nom ?
    Dans ce dessein tu sèmes, ce dit-on,
    D’un faux récit la maligne imposture.
    Mais dans mes vers, malgré ta conjecture,
    Jamais ton nom ne sera proféré ;
    Et j’aime mieux endurer une...

  • Par passe-temps un cardinal oyait
    Lire les vers de Psyché, comédie ;
    Et les oyant, pleurait et larmoyait,
    Tant qu’eussiez dit que c’était maladie.
    Quoi ! monseigneur, à cette rapsodie,
    Lui dit quelqu’un, tant nous semblez touché ;
    Et l’autre jour, au martyre prêché
    De saint Laurent, parûtes si paisible !
    Ho! ho ! dit-il ; tudieu ! cette Psyché...

  • Venez, Pradon et Bonnecorse,
    Grands écrivains de même force,
    De vos vers recevoir le prix ;
    Venez prendre dans mes écrits
    La place que vos noms demandent.
    Linière et Perrin vous attendent.