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    Aurele d’autre-part, animant les gaulois,
    A sa haute vaillance égaloit ses explois :
    Et heurtoit, échauffant leurs forces redoublées,
    De l’Auvergne et des goths les troupes assemblées.
    Montan, le vieux hermite, allant par les sillons,
    A front suant le cherche entre les bataillons.
    Enfin perdant l’haleine, il l’approche, il l’appelle.
    Apporte l’...

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    Des puissances du nord l’effroyable tempeste
    Contre le roy des francs de toutes parts s’appreste.
    Auberon en secret forme ses trahisons.
    Il tient dé-ja deux chefs dans ses noires prisons ;
    Et du prince Arderic il va corrompre l’ame,
    Joignant l’espoir d’un sceptre à sa naissante flame.
    Mon esprit, luy dit-il, a balancé long-temps,
    Admirant de...

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    Cependant Sigismond trouve la ville en larmes :
    Et croit que chacun plaint la honte de ses armes.
    Mais le peuple en soûpirs, mesle une autre douleur
    Aux pleurs qu’a fait verser le bruit de son malheur.
    Tout accourt au spectacle : il suit la foule émeuë.
    Un pitoyable objet soudain frape sa veuë :
    Clotilde aux yeux bandez, sur un noir échaffaut,
    ...

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    Des-ja les deux guerrers, pleins d’une belle audace,
    L’un à l’autre opposez sont aux bouts de la place.
    Ils fondent l’un sur l’autre, à chevaux élancez,
    En mesurant le coup de leurs bois abbaissez.
    Ils roidissent tous deux leurs forces ramassées,
    Se heurtent, et du choc leurs lances sont froissées.
    Nul ne semble ébranlé de ces rudes efforts :
    ...

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    Clovis avoit passé la plus triste des nuits,
    Abbatu de travaux, de veilles, et d’ennuis ;
    Et couché sous des pins, dans un morne silence
    Voyoit du foible jour l’insensible naissance.
    Il entend Aquilon dans les bois écarté,
    Qui d’un hannissement salüoit la clarté,
    D’un pas libre paissant et sans mords et sans bride :
    A qui l’herbe et la nuit,...

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    Cependant les demons, dont la rage indomptée
    Void que du grand Clovis l’ame est trop irritée
    Contre ses dieux trompeurs, chimeres des enfers,
    Et que rien ne peut plus l’arrester dans leurs fers ;
    Au camp victorieux, sous differens visages,
    Viennent des plus grands chefs émouvoir les courages :
    Blasment l’amour du roy par des murmures sourds :
    ...

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    Clovis par les costaux, par les routes des bois,
    Cherchoit à rallier les francs et les gaulois.
    Par tout il void de loin leur desordre et leur fuite.
    Il n’a plus que huit chefs, pour sa fidele suite,
    Qui malgré le desastre animent leur valeur,
    Voyant le cœur du roy plus grand que son malheur.
    Il rencontre une troupe, et Volcade le traistre,
    Qui...

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    Par les croupes du mont, le prince valeureux
    S’avance avec ses chefs vers le rocher heureux :
    Et la crainte qu’il sent d’une seconde perte,
    Réveille la douleur qu’il a long-temps soufferte.
    Il découvre Arismond, assis sous un ormeau :
    Et desja redoutoit un desastre nouveau,
    Quand il void la princesse en terre prosternée,
    Priant pour le succes...

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    Desja de toutes parts la prompte renommée
    Répandoit les exploits de la vaillante armée ;
    Et l’estonnant progres du prince des françois,
    Remplissoit de terreur les cœurs des plus grands rois.
    Alaric son rival, redoute la tempeste
    Qui doit dans peu de mois éclater sur sa teste.
    Et le sage Thierry, regnant sur les romains,
    Sent que son sceptre...

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    L’astre dont les rayons dorent tout l’univers,
    Rendoit le jour aux champs de tenebres couverts ;
    Et la nuit, en fuyant sa lumiere feconde,
    Alloit de son grand voile obscurcir l’autre monde.
    Clotilde, par son zele eloquent et pieux,
    Veut destruire par tout l’empire des faux dieux ;
    Visite les captifs ; et d’un cœur charitable,
    Tasche à consoler...