• Cependant que tu suis le lièvre par la plaine,
    Le sanglier par les bois et le milan par l'air,
    Et que voyant le sacre ou l'épervier voler,
    Tu t'exerces le corps d'une plaisante peine,

    Nous autres malheureux suivons la cour romaine,
    Ou, comme de ton temps, nous n'oyons plus parler
    De rire, de sauter, de danser et baller,
    Mais de sang, et de feu, et de...

  • Scève, je me trouvai comme le fils d'Anchise
    Entrant dans l'Élysée et sortant des enfers,
    Quand après tant de monts de neige tous couverts
    Je vis ce beau Lyon, Lyon que tant je prise.

    Son étroite longueur, que la Saône divise,
    Nourrit mille artisans et peuples tous divers :
    Et n'en déplaise à Londre, à Venise et Anvers,
    Car Lyon n'est pas moindre en...

  • Maintenant je pardonne à la douce fureur
    Qui m'a fait consumer le meilleur de mon âge,
    Sans tirer autre fruit de mon ingrat ouvrage
    Que le vain passe-temps d'une si longue erreur.

    Maintenant je pardonne à ce plaisant labeur,
    Puisque seul il endort le souci qui m'outrage,
    Et puisque seul il fait qu'au milieu de l'orage,
    Ainsi qu'auparavant, je ne tremble...

  • Finalement sur le point que Morphée
    Plus véritable apparaît à nos yeux,
    Fâché de voir l'inconstance des cieux,
    Je vois venir la soeur du grand Typhée :

    Qui bravement d'un morion coiffée
    En majesté semblait égale aux dieux,
    Et sur le bord d'un fleuve audacieux
    De tout le monde érigeait un trophée.

    Cent rois vaincus gémissaient à ses pieds,...

  • Comme un qui veut curer quelque cloaque immonde,
    S'il n'a le nez armé d'une contresenteur,
    Étouffé bien souvent de la grand puanteur
    Demeure enseveli dans l'ordure profonde :

    Ainsi le bon Marcel ayant levé la bonde,
    Pour laisser écouler la fangeuse épaisseur
    Des vices entassés, dont son prédécesseur
    Avait six ans devant empoisonné le monde

    Se...

  • Si je monte au Palais, je n'y trouve qu'orgueil,
    Que vice déguisé, qu'une cérémonie,
    Qu'un bruit de tambourins, qu'une étrange harmonile,
    Et de rouges habits un superbe appareil :

    Si je descends en banque, un amas et recueil
    De nouvelles je trouve, une usure infinie,
    De riches Florentins une troupe bannie,
    Et de pauvres Siennois un lamentable deuil :...

  • Loyre fameux, qui ta petite Source
    Enfles de maintz gros fleuves, et Ruysseaux,
    Et qui de loing coules tes cleres Eaux
    En l'Ocean d'une assez lente Course.

    Ton chef Royal hardiment bien hault pousse
    Et aparoy entre tous les plus beaux,
    Comme un Thaureau sur les menuz Troupeaux,
    Quoy que le Pau envieux s'en courrousse.

    Commande doncq'...

  • Comme le marinier, que le cruel orage
    A longtemps agité dessus la haute mer,
    Ayant finalement à force de ramer
    Garanti son vaisseau du danger du naufrage,

    Regarde sur le port, sans plus craindre la rage
    Des vagues ni des vents, les ondes écumer ;
    Et quelqu'autre bien loin, au danger d'abîmer,
    En vain tendre les mains vers le front du rivage :
    ...

  • Ne lira-t-on jamais que ce dieu rigoureux ?
    Jamais ne lira-t-on que cette Idalienne ?
    Ne verra-t-on jamais Mars sans la Cyprienne ?
    Jamais ne verra-t-on que Ronsard amoureux ?

    Retistra-t-on toujours, d'un tour laborieux,
    Cette toile, argument d'une si longue peine ?
    Reverra-t-on toujours Oreste sur la scène?
    Sera toujours Roland par amour furieux ?...

  • Comme jadis l'ame de l'univers
    Enamourée en sa beaulté profonde,
    Pour façonner cette grand' forme ronde,
    Et l'enrichir de ses thesors divers,

    Courbant sur nous son temple aux yeulx ouvers,
    Separa l'air, le feu, la terre, et l'onde,
    Et pour tirer les semences du monde
    Sonda le creux des abismes couvers :

    Non autrement, ô l'ame de ma vie...