• En quelque lieu qu'il aille, ou sur mer ou sur terre,
    Sous un climat de flamme ou sous un soleil blanc,
    Serviteur de Jésus, courtisan de Cythère,
    Mendiant ténébreux ou Crésus rutilant,

    Citadin, campagnard, vagabond, sédentaire,
    Que son petit cerveau soit actif ou soit lent,
    Partout l'homme subit la terreur du mystère,
    Et ne regarde en haut qu'avec un...

  • A la très chère, à la très belle
    Qui remplit mon coeur de clarté,
    A l'ange, à l'idole immortelle,
    Salut en l'immortalité !

    Elle se répand dans ma vie
    Comme un air imprégné de sel,
    Et dans mon âme inassouvie
    Verse le goût de l'éternel.

    Sachet toujours frais qui parfume
    L'atmosphère d'un cher réduit,
    Encensoir oublié qui fume
    En...

  • Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
    Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin,
    Verse confusément le bienfait et le crime,
    Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

    Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore ;
    Tu répands des parfums comme un soir orageux ;
    Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
    Qui font le héros lâche et...

  • Lecteur, as-tu quelquefois respiré
    Avec ivresse et lente gourmandise
    Ce grain d'encens qui remplit une église,
    Ou d'un sachet le musc invétéré ?

    Charme profond, magique, dont nous grise
    Dans le présent le passé restauré !
    Ainsi l'amant sur un corps adoré
    Du souvenir cueille la fleur exquise.

    De ses cheveux élastiques et lourds,
    Vivant...

  • La femme cependant, de sa bouche de fraise,
    En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise,
    Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
    Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc :
    " Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science
    De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
    Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
    Et fais rire les...

  • Quand je te vois passer, ô ma chère indolente,
    Au chant des instruments qui se brise au plafond
    Suspendant ton allure harmonieuse et lente,
    Et promenant l'ennui de ton regard profond ;

    Quand je contemple, aux feux du gaz qui le colore,
    Ton front pâle, embelli par un morbide attrait,
    Où les torches du soir allument une aurore,
    Et tes yeux attirants comme...

  • Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
    Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
    Je vois se dérouler des rivages heureux
    Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone ;

    Une île paresseuse où la nature donne
    Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
    Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
    Et des femmes dont l'oeil par sa...

  • Il est de forts parfums pour qui toute matière
    Est poreuse. On dirait qu'ils pénètrent le verre.
    En ouvrant un coffret venu de l'Orient
    Dont la serrure grince et rechigne en criant,

    Ou dans une maison déserte quelque armoire
    Pleine de l'âcre odeur des temps, poudreuse et noire,
    Parfois on trouve un vieux flacon qui se souvient,
    D'où jaillit toute vive...

  • Ô Lune qu'adoraient discrètement nos pères,
    Du haut des pays bleus où, radieux sérail,
    Les astres vont se suivre en pimpant attirail,
    Ma vieille Cynthia, lampe de nos repaires,

    Vois-tu les amoureux, sur leurs grabats prospères,
    De leur bouche en dormant montrer le frais émail ?
    Le poète buter du front sur son travail ?
    Ou sous les gazons secs s'...

  • A la pâle clarté des lampes languissantes,
    Sur de profonds coussins tout imprégnés d'odeur
    Hippolyte rêvait aux caresses puissantes
    Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.

    Elle cherchait, d'un oeil troublé par la tempête,
    De sa naïveté le ciel déjà lointain,
    Ainsi qu'un voyageur qui retourne la tête
    Vers les horizons bleus dépassés le matin.
    ...