• Fiés vous y !
    A qui ?
    En quoy ?
    Comme je voy,
    Riens n'est sans sy.

    Ce monde cy
    A sy
    Peu foy.
    Fiés vous y !

    Plus je n'en dy,
    N'escry,
    Pour quoy ?
    Chascun j'en croy
    S'il est ainsy ;
    Fiés vous y !

  • Dedens mon Livre de Pensee,
    J'ay trouvé escripvant mon cueur
    La vraye histoire de douleur,
    De larmes toute enluminee,
    En deffassant la tresamee
    Ymage de plaisant doulceur,
    Dedens mon Livre de Pensee.

    Helas ! ou l'a mon cueur trouvee ?
    Lez grossez gouttez de sueur
    Lui saillent, de peinne et labeur
    Qu'il y prent, et nuit et journee...

  • En regardant vers le païs de France,
    Un jour m'avint, a Dovre sur la mer,
    Qu'il me souvint de la doulce plaisance
    Que souloye oudit pays trouver ;
    Si commençay de cueur a souspirer,
    Combien certes que grant bien me faisoit
    De voir France que mon cueur amer doit.

    Je m'avisay que c'estoit non savance
    De telz souspirs dedens mon cueur garder,
    Veu...

  • Qui a toutes ses hontes beues,
    Il ne lui chault que l'en lui die,
    Il laisse passer mocquerie
    Devant ses yeulx, comme les nues.

    S'on le hue par my les rues,
    La teste hoche a chiere lie.
    Qui a toutes ses hontes beues,
    Il ne lui chault que l'en lui die.

    Truffes sont vers lui bien venues ;
    Quant gens rient, il fault qu'il rie ;
    ...

  • Mon cueur m'a fait commandement
    De venir vers vostre jeunesse,
    Belle que j'ayme loyaument*,
    Comme doy faire ma princesse.
    Se vous demandés : " Pour quoy esse ?
    C'est pour savoir quant vous plaira
    Alegier sa dure destresse
    Ma dame, le sauray je ja** ?

    Ditez le par vostre serment !
    Je vous fais leale*** promesse
    Nul ne le saura,...

  • France, jadis on te soulait* nommer,
    En tous pays, le trésor de noblesse,
    Car un chacun pouvait en toi trouver
    Bonté, honneur, loyauté, gentillesse,
    Clergie, sens, courtoisie, prouesse.
    Tous étrangers aimaient te suivre.
    Et maintenant vois, dont j'ai déplaisance,
    Qu'il te convient maint grief mal soustenir,
    Très chrétien, franc royaume de France.
    ...

  • En faictes vous doubte
    Que vostre ne soye ?
    Se Dieu me doint joye
    Au cueur, si suis toute.

    Rien ne m'en deboute,
    Pour chose que j'oye.
    En faictes vous doubte
    Que vostre ne soye ?

    Dangier et sa route
    S'en voisent leur voye*,
    Sans que plus les voye !
    Tousjours il m'escoute.
    En faictes vous doubte ?

    (*)...

  • Mon cuer, estouppe* tes oreilles
    Pour le vent de merencolie !
    S'il y entre, ne doubte mye,
    Il est dangereux a merveilles.

    Soit que tu donnes ou tu veilles,
    Fais ainsi que dy, je t'en prie ;
    Mon cuer, estouppe tes oreilles
    Pour le vent de merencolie !

    Il cause doleurs nompareilles
    Dont s'engendre la maladie
    Qui n'est pas de...

  • Le premier jour du mois de may
    Trouvé me suis en compaignie
    Qui estoit, pour dire le vray,
    De gracieuseté garnie ;
    Et pour oster merencolie
    Fut ordonné qu'on choisiroit,
    Comme Fortune donneroit,
    La fueille plaine de verdure
    Ou la fleur pour toute l'annee.
    Si prins la fueille pour livree,
    Comme lors fut mon aventure.

    Tantost...

  • Yver, vous n'estes qu'un villain !
    Esté est plaisant et gentil,
    En tesmoing de May et d'Avril
    Qui l'acompaignent soir et main*.

    Esté revest champs, bois et fleurs,
    De sa livree de verdure
    Et de maintes autres couleurs,
    Par l'ordonnance de Nature.

    Mais vous, Yver, trop estes plain
    De nege, vent, pluye et grezil ;
    On vous deust...