• Frères humains, qui après nous vivez,
    N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
    Car, si pitié de nous pauvres avez,
    Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
    Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
    Quant à la chair, que trop avons nourrie,
    Elle est piéça dévorée et pourrie,
    Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
    De notre mal personne ne s'en rie ;
    ...

  • Se j'aime et sers la belle de bon hait.
    M'en devez-vous tenir ne vil ne sot ?
    Elle a en soi des biens à fin souhait.
    Pour son amour ceins bouclier et passot ;
    Quand viennent gens, je cours et happe un pot,
    Au vin m'en vois, sans démener grand bruit ;
    Je leur tends eau, fromage, pain et fruit.
    S'ils payent bien, je leur dis que " bien stat ;
    Retournez ci...

  • " Or y pensez, belle Gautière
    Qui écolière souliez être,
    Et vous, Blanche la Savetière,
    Or est-il temps de vous connaître :
    Prenez à dêtre ou à senêtre ;
    N'épargnez homme, je vous prie ;
    Car vieilles n'ont ne cours ne être,
    Ne que monnoie qu'on décrie.

    " Et vous, la gente Saucissière
    Qui de danser êtes adêtre,
    Guillemette la Tapissière,...

  • Que vous semble de mon appel,
    Garnier ? Fis-je sens ou folie ?
    Toute bête garde sa pel ;
    Qui la contraint, efforce ou lie,
    S'elle peut, elle se délie.
    Quand donc par plaisir volontaire
    Chantée me fut cette homélie,
    Etoit-il lors temps de moi taire ?

    Se fusse des hoirs Hue Capel
    Qui fut extrait de boucherie,
    On ne m'eût, parmi ce drapel,...

  • Dame du ciel, régente terrienne,
    Emperière des infernaux palus,
    Recevez-moi, votre humble chrétienne,
    Que comprise soie entre vos élus,
    Ce nonobstant qu'oncques rien ne valus.
    Les biens de vous, ma Dame et ma Maîtresse
    Sont bien plus grands que ne suis pécheresse,
    Sans lesquels biens âme ne peut mérir
    N'avoir les cieux. Je n'en suis jangleresse :
    En...

  • Au point du jour, que l'éprevier s'ébat,
    Mû de plaisir et par noble coutume,
    Bruit la mauvis et de joie s'ébat,
    Reçoit son pair et se joint à sa plume,
    Offrir vous veuil, à ce Désir m'allume,
    Ioyeusement ce qu'aux amants bon semble.
    Sachez qu'Amour l'écrit en son volume,
    Et c'est la fin pour quoi sommes ensemble.

    Dame serez de mon coeur, sans débat...

  • Ci gît et dort en ce solier,
    Qu'amour occit de son raillon,
    Un pauvre petit écolier
    Qui fut nommé François Villon.
    Oncques de terre n'eut sillon.
    Il donna tout, chacun le sait :
    Table, tréteaux, pain, corbillon.
    Pour Dieu, dites-en ce verset :

    Repos éternel donne à cil,
    Sire, et clarté perpétuelle,
    Qui vaillant plat ni écuelle...

  • " Car ou soies porteur de bulles,
    Pipeur ou hasardeur de dés,
    Tailleur de faux coins et te brûles
    Comme ceux qui sont échaudés,
    Traîtres parjurs, de foi vidés ;
    Soies larron, ravis ou pilles :
    Où s'en va l'acquêt, que cuidez ?
    Tout aux tavernes et aux filles.

    " Rime, raille, cymbale, luthes,
    Comme fol feintif, éhontés ;
    Farce, brouille,...

  • A Chartreux et à Célestins,
    A Mendiants et à Dévotes,
    A musards et claquepatins,
    A servants et filles mignottes
    Portants surcots et justes cottes,
    A cuidereaux d'amour transis,
    Chaussant sans méhaing fauves bottes,
    Je crie à toutes gens mercis.

    A fillettes montrant tétins,
    Pour avoir plus largement hôtes,
    A ribleurs, mouveurs de hutins...

  • Ballade

    Sur mol duvet assis, un gras chanoine,
    Lez un brasier, en chambre bien nattée,
    A son côté gisant dame Sidoine
    Blanche, tendre, polie et attintée,
    Boire hypocras, à jour et à nuitée,
    Rire, jouer, mignonner et baiser,
    Et nu à nu, pour mieux des corps s'aiser,
    Les vis tous deux, par un trou de mortaise :
    Lors je connus que, pour deuil...