• Notre union plutôt véhémente et brutale
    Recèle une douceur que nulle autre n’étale,
    Nos caractères détestables à l’envi
    Sont un champ de bataille où tout choc est suivi
    D’une trêve d’autant meilleure que plus brève.
    Le lourd songe oppressif s’y dissout en un rêve
    Élastique et rafraîchissant à l’infini.
    Je croirais pour ma part qu’un ange m’a béni...

  •  
        Notre cœur est semblable en notre sein de femme,
        Très chère ! Notre corps est pareillement fait.
        Un même destin lourd a pesé sur notre âme,
        Nous nous aimons et nous sommes l’hymne parfait.

        Je traduis ton sourire et l’ombre sur ta face.
        Ma douceur est égale à ta grande douceur,
        Parfois même il nous semble être de même race...

  •  
    EMMANUEL.

    Je t’admire, ô ma sœur ; ton choix est le plus sage :
    La vie est un exil, et la tombe un passage ! —
    Vanité, vanité, tout n’est que vanité !
    La tristesse est le fruit de tout bonheur goûté !
    Autrefois je rêvais un avenir de gloire, —
    Prestigieux mirage, oasis illusoire ! —
    Je rêvais, dédaigneux du luxe, enfant de l’or,
    D’...