... J'ai vécu ; c'est-à-dire à moi-même inconnu
Ma mère en gémissant m'a jeté faible et nu ;
J'ai compté dans le ciel le coucher et l'aurore
D'un astre qui descend pour remonter encore,
Et dont l'homme, qui s'use à les compter en vain,
Attend, toujours trompé, toujours un lendemain ;
Mon âme a, quelques jours, animé de sa vie
Un peu de cette fange à...
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Jusqu'au ciel d'azur gris le pré léger s'élève
Comme une route fraîche inconnue aux vivants ;
La mouillure de l'herbe et de la jeune sève
Répand dans l'air rêveur son haleine d'argent.
Sur les bords de ce pré le bouleau se balance
Avec le merisier profond dans ses rameaux
Où des moineaux dorés sautillent en silence
Comme aux pures saisons d'un... -
Viens jusqu'à notre seuil répandre
Ta blanche cendre
Ô neige pacifique et lentement tombée :
Le tilleul du jardin tient ses branches courbées
Et plus ne fuse au ciel la légère calandre.
Ô neige,
Qui réchauffes et qui protèges
Le blé qui lève à peine
Avec la mousse, avec la laine
Que tu répands de plaine en plaine !
Neige silencieuse...