• L’ombre bleuâtre & claire au milieu des allées,
    Comme un long voile plein de taches étoilées,
    Cache à peine la terre & flotte avec douceur ;
    Le soleil, en rayant la légère épaisseur,

    Forme des réseaux d’or où palpitent mes rêves.
    Les frênes aux bourgeons rouges du sang des séves
    Frissonnent. Les bouleaux, à leur feuillage blanc
    Prenant la...

  • La lisière du bois suit le petit chemin
    D’ocre jaune, où tout pli rit d’une graminée.
    La pente, pleine d’air, est comme illuminée
    D’un lever d’ailes d’or, de soufre & de carmin.

    Vrilles des liserons glissant leur verte main,
    Éphémères d’un soir ou d’une matinée ;
    Toute la flore exquise, humble, indéterminée
    De l’herbe, amours d’hier, semences de...

  • Tiède du souvenir des occidents vermeils,
    La nuit sur les coteaux palpite immense & bonne.
    Elle est comme la mer : un vent d’aile y frissonne ;
    Leur couleur est semblable & leurs bruits sont pareils.

    Le sein large & profond qui porte les soleils,
    Où le flot incessant des univers rayonne,
    Est indulgent & n’a d’embûches pour personne,
    Et...

  • Nos coteaux, les plus purs de tous & les plus doux,
    Que, n’eût été la Grèce, auraient choisis les faunes,
    Au bas de leurs sentiers poudrés de sables jaunes
    Ont comme une hydre énorme éparse à leurs genoux.

    La Ville nous fascine, étant moins près de nous,
    Avec ses tours aussi royales que des trônes ;
    Horizontale, bleue & blanche entre les cônes...

  • Il faudrait, pour quitter la ville, un vieux bateau,
    Suivant l’eau lentement, sans voiles & sans rames.
    Sur des nuages blancs aussi blancs que des femmes,
    Le ciel d’été, l’azur étendrait son manteau.

    Serré dans le granit comme dans un étau,
    Le fleuve mord ses bords & glisse en courtes lames ;
    Et la ville aux toits bleus tout pailletés de flammes...

  • La bonté du soleil n’apaise pas nos yeux.
    Nous avons les prés clairs où l’eau met des buées,
    Les collines aux plis charmants continuées
    En des bandes couleur de perle au bord des cieux.

    Nos chênes sont si hauts, si vaillants & si vieux
    Qu’ils connaissent la foudre & parlent aux nuées.
    Les forêts de cent ans que l’on n’a pas tuées
    Sont les...

  • Le soleil s’est levé du milieu des collines
    Comme le premier-né divin des nuits d’été,
    Déchirant, dans un vol de flammes emporté,
    Du matin frissonnant les frêles mousselines.

    Les champs, l’eau, les forêts graves & sibyllines,
    La terre jusqu’au ciel tressaille de clarté.
    Le chœur universel des bêtes a chanté,
    Voix dans l’air, voix des bois,...