• Les chères mains qui furent miennes,
    Toutes petites, toutes belles,
    Après ces méprises mortelles
    Et toutes ces choses païennes,

    Après les rades et les grèves,
    Et les pays et les provinces,
    Royales mieux qu'au temps des princes,
    Les chères mains m'ouvrent les rêves.

    Mains en songe, mains sur mon âme,
    Sais-je, moi, ce que vous daignâtes,...

  • Voix de l'Orgueil : un cri puissant comme d'un cor,
    Des étoiles de sang sur des cuirasses d'or.
    On trébuche à travers des chaleurs d'incendie...
    Mais en somme la voix s'en va, comme d'un cor.

    Voix de la Haine : cloche en mer, fausse, assourdie
    De neige lente. Il fait si froid ! Lourde, affadie,
    La vie a peur et court follement sur le quai
    Loin de...

  • Vous n'avez rien compris à ma simplicité,
    Rien, ô ma pauvre enfant !
    Et c'est avec un front éventé, dépité
    Que vous fuyez devant.

    Vos yeux qui ne devaient refléter que douceur,
    Pauvre cher bleu miroir
    Ont pris un ton de fiel, ô lamentable soeur,
    Qui nous fait mal à voir.

    Et vous gesticulez avec vos petits bras
    Comme un héros méchant,...

  • Non. Il fut gallican, ce siècle, et janséniste !
    C'est vers le Moyen Age énorme et délicat
    Qu'il faudrait que mon coeur en panne naviguât,
    Loin de nos jours d'esprit charnel et de chair triste.

    Roi politicien, moine, artisan, chimiste,
    Architecte, soldat, médecin, avocat,
    Quel temps ! Oui, que mon coeur naufragé rembarquât
    Pour toute cette force ardente...

  • Ce n'est plus le rêveur lunaire du vieil air
    Qui riait aux aïeux dans les dessus de porte ;
    Sa gaîté, comme sa chandelle, hélas! est morte,
    Et son spectre aujourd'hui nous hante, mince et clair.

    Et voici que parmi l'effroi d'un long éclair
    Sa pâle blouse a l'air, au vent froid qui l'emporte,
    D'un linceul, et sa bouche est béante, de sorte
    Qu'il semble...

  • J'ai vu passer dans mon rêve
    - Tel l'ouragan sur la grève, -
    D'une main tenant un glaive
    Et de l'autre un sablier,
    Ce cavalier

    Des ballades d'Allemagne
    Qu'à travers ville et campagne,
    Et du fleuve à la montagne,
    Et des forêts au vallon,
    Un étalon

    Rouge-flamme et noir d'ébène,
    Sans bride, ni mors, ni rêne,
    Ni hop !...

  • Toute grâce et toutes nuances
    Dans l'éclat doux de ses seize ans,
    Elle a la candeur des enfances
    Et les manèges innocents.

    Ses yeux, qui sont les yeux d'un ange,
    Savent pourtant, sans y penser,
    Eveiller le désir étrange
    D'un immatériel baiser.

    Et sa main, à ce point petite
    Qu'un oiseau-mouche n'y tiendrait,
    Captive sans espoir de...

  • Le foyer, la lueur étroite de la lampe ;
    La rêverie avec le doigt contre la tempe
    Et les yeux se perdant parmi les yeux aimés ;
    L'heure du thé fumant et des livres fermés ;
    La douceur de sentir la fin de la soirée ;
    La fatigue charmante et l'attente adorée ;
    De l'ombre nuptiale et de la douce nuit,
    Oh ! tout cela, mon rêve attendri le poursuit
    Sans...

  • L'hiver a cessé : la lumière est tiède
    Et danse, du sol au firmament clair.
    Il faut que le coeur le plus triste cède
    A l'immense joie éparse dans l'air.

    Même ce Paris maussade et malade
    Semble faire accueil aux jeunes soleils,
    Et comme pour une immense accolade
    Tend les mille bras de ses toits vermeils.

    J'ai depuis un an le printemps dans l'...

  • A vous ces vers de par la grâce consolante
    De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux,
    De par votre âme pure et toute bonne, à vous
    Ces vers du fond de ma détresse violente.

    C'est qu'hélas ! le hideux cauchemar qui me hante
    N'a pas de trêve et va furieux, fou, jaloux,
    Se multipliant comme un cortège de loups
    Et se pendant après mon sort qu'il...