• L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable.
    Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou ?
    Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.
    Que ne t'endormais-tu, le coude sur la table ?

    Pauvre âme pâle, au moins cette eau du puits glacé,
    Bois-la. Puis dors après. Allons, tu vois, je reste,
    Et je dorloterai les rêves de ta sieste,
    Et tu...

  • Les choses qui chantent dans la tête
    Alors que la mémoire est absente,
    Ecoutez, c'est notre sang qui chante...
    O musique lointaine et discrète !

    Ecoutez ! c'est notre sang qui pleure
    Alors que notre âme s'est enfuie,
    D'une voix jusqu'alors inouïe
    Et qui va se taire tout à l'heure.

    Frère du sang de la vigne rose,
    Frère du vin de la veine...

  • Et j'ai revu l'enfant unique : il m'a semblé
    Que s'ouvrait dans mon coeur- la dernière blessure,
    Celle dont la douleur plus exquise m'assure
    D'une mort désirable en un jour consolé.

    La bonne flèche aiguë et sa fraîcheur qui dure !
    En ces instants choisis elles ont éveillé
    Les rêves un peu lourds du scrupule ennuyé,
    Et tout mon sang chrétien chanta la...

  • Tu fus une grande amoureuse
    À ta façon, la seule bonne
    Puisqu'elle est tienne et que personne
    Plus que toi ne fut malheureuse,
    Après la crise de bonheur
    Que tu portas avec honneur.

    Oui, tu fus comme une héroïne,
    Et maintenant tu vis, statue
    Toujours belle sur la ruine
    D'un espoir qui se perpétue
    En dépit du Sort évident,
    Mais tu...

  • Je suis plus pauvre que jamais
    Et que personne ;
    Mais j'ai ton cou gras, tes bras frais,
    Ta façon bonne
    De faire l'amour, et le tour
    Leste et frivole
    Et la caresse, nuit et jour,
    De ta parole.

    Je suis riche de tes beaux yeux,
    De ta poitrine,
    Nid follement voluptueux,
    Couche ivoirine
    Où mon désir, las d'autre part,
    Se...

  • à Francis Poictevin.

    Il ne me faut plus qu'un air de flûte,
    Très lointain en des couchants éteints.
    Je suis si fatigué de la lutte
    Qu'il ne me faut plus qu'un air de flûte
    Très éteint en des couchants lointains.

    Ah, plus le clairon fou de l'aurore !
    Le courage est las d'aller plus loin.
    Il veut et ne peut marcher encore
    Au son du...

  • Il pleure dans mon coeur
    Comme il pleut sur la ville ;
    Quelle est cette langueur
    Qui pénètre mon coeur ?

    Ô bruit doux de la pluie
    Par terre et sur les toits !
    Pour un coeur qui s'ennuie,
    Ô le chant de la pluie !

    Il pleure sans raison
    Dans ce coeur qui s'écoeure.
    Quoi ! nulle trahison ?...
    Ce deuil est sans raison.

    C...

  • Moi qui ne suis qu'un brin d'hysope dans la main
    Du Seigneur tout-puissant qui m'octroya la grâce,
    Je puis, si mon dessein est pur devant Sa face,
    Purifier autrui passant sur mon chemin.

    Je puis, si ma prière est de celles qu'allège
    L'Humilité du poids d'un désir languissant,
    Comme un païen peut baptiser en cas pressant,
    Laver mon prochain, le...

  • Et nous voilà très doux à la bêtise humaine,
    Lui pardonnant vraiment et même un peu touchés
    De sa candeur extrême et des torts très légers,
    Dans le fond, qu'elle assume et du train qu'elle mène.

    Pauvres gens que les gens ! Mourir pour Célimène,
    Epouser Angélique ou venir de nuit chez
    Agnès et la briser, et tous les sots péchés,
    Tel est l'Amour encor...

  • Courtisane au sein dur, à l'oeil opaque et brun
    S'ouvrant avec lenteur comme celui d'un boeuf,
    Ton grand torse reluit ainsi qu'un marbre neuf.

    Fleur grasse et riche, autour de toi ne flotte aucun
    Arôme, et la beauté sereine de ton corps
    Déroule, mate, ses impeccables accords.

    Tu ne sens même pas la chair, ce goût qu'au moins
    Exhalent celles-là qui...