Tai toi babillarde Arondelle,
Par Dieu je plumerai ton aile
Si je t'empongne, ou d'un couteau
Je te couperai ta languette,
Qui matin sans repos caquette
Et m'estourdit tout le cerveau.
Je te preste ma cheminée
Pour chanter toute la journée,
De soir, de nuit, quand tu voudras :
Mais au matin ne me reveille,
Et ne m'oste quand je sommeille...
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Le printemps n'a point tant de fleurs,
L'autonne tant de raisins meurs,
L'esté tant de chaleurs halées,
L'hyver tant de froides gelées,
Ny la mer a tant de poissons,
Ny la Beauce tant de moissons,
Ny la Bretaigne tant d'arenes,
Ny l'Auvergne tant de fonteines,
Ny la nuict tant de clairs flambeaux,
Ny les forests tant de rameaux,
Que je porte au... -
Mon petit Bouquet mon mignon,
Qui m'es plus fidel' compaignon
Qu'Oreste ne fut à Pilade,
Tout le jour quand je suis malade
Mes valets qui pour leur devoir
Le soing de moy debvroient avoir,
Vont à leur plesir par la vile,
Et ma vieille garde inutile,
Aptes avoir largement beu,
Yvre, s'endort aupres du feu,
A l'heure qu' el' me devroit dire
... -
Chanson
Douce Maîtresse, touche,
Pour soulager mon mal,
Ma bouche de ta bouche
Plus rouge que coral ;
Que mon col soit pressé
De ton bras enlacé.
Puis, face dessus face,
Regarde-moi les yeux,
Afin que ton trait passe
En mon coeur soucieux,
Coeur qui ne vit sinon
D'Amour et de ton nom.
Je l'ai vu fier et brave,... -
Elégie
Quiconque aura premier la main embesongnée
A te couper, forest, d'une dure congnée,
Qu'il puisse s'enferrer de son propre baston,
Et sente en l'estomac la faim d'Erisichton,
Qui coupa de Cerés le Chesne venerable
Et qui gourmand de tout, de tout insatiable,
Les b?ufs et les moutons de sa mère esgorgea,
Puis pressé de la faim, soy-mesme se... -
Ode
Tu te moques, jeune ribaude :
Si j'avais la tête aussi chaude
Que tu es chaude sous ta cotte,
Je n'aurais besoin de calotte,
Non plus qu'à ton ventre il ne faut
De pelisson, tant il est chaud.
Tous les charbons ardents
Allument là-dedans
Le plus chaud de leur braise ;
Un feu couvert en sort,
Plus fumeux et plus fort
... -
Ô Fontaine Bellerie,
Belle fontaine chérie
De nos Nymphes, quand ton eau
Les cache au creux de ta source,
Fuyantes le Satyreau,
Qui les pourchasse à la course
Jusqu'au bord de ton ruisseau,
Tu es la Nymphe éternelle
De ma terre paternelle :
Pource en ce pré verdelet
Vois ton Poète qui t'orne
D'un petit chevreau de lait,... -
Chanson
Vu que tu es plus blanche que le lis,
Qui t'a rougi ta lèvre vermeillette
D'un si beau teint ? Qui est-ce qui t'a mis
Sur ton beau sein cette couleur rougette ?
Qui t'a noirci les arcs de tes sourcils ?
Qui t'a bruni tes beaux yeux, ma maîtresse ?
Ô grand beauté remplie de soucis,
Ô grand beauté pleine de grand liesse !
Ô... -
Ces liens d'or, cette bouche vermeille,
Pleine de lis, de roses et d'oeillets,
Et ces coraux chastement vermeillets,
Et cette joue à l'Aurore pareille ;
Ces mains, ce col, ce front, et cette oreille,
Et de ce sein les boutons verdelets,
Et de ces yeux les astres jumelets,
Qui font trembler les âmes de merveille,
Firent nicher Amour dedans mon... -
L'inimitié que je te porte,
Passe celle, tant elle est forte,
Des aigneaux et des loups,
Vieille sorcîere deshontée,
Que les bourreaux ont fouëttée
Te honnissant de coups.
Tirant apres toy une presse
D'hommes et de femmes espesse,
Tu monstrois nud le flanc,
Et monstrois nud parmy la rue
L'estomac, et l'espaule nue
Rougissante de...