• Antique Justicier, ô divin Sagittaire,
    Tu foulais de l'Oita la cime solitaire,
    Et dompteur en repos, dans ta force couché,
    Sur ta solide main ton front s'était penché.
    Les pins de Thessalie, avec de fiers murmures,
    T'abritaient gravement de leurs larges ramures ;
    Détachés de l'épaule et du bras indompté,
    Ta massue et ton arc dormaient à ton côté.
    Tel,...

  • Tombez, ô perles dénouées,
    Pâles étoiles, dans la mer.
    Un brouillard de roses nuées
    Émerge de l'horizon clair ;
    À l'Orient plein d'étincelles
    Le vent joyeux bat de ses ailes
    L'onde que brode un vif éclair.
    Tombez, ô perles immortelles,
    Pâles étoiles, dans la mer.

    Plongez sous les écumes fraîches
    De l'Océan mystérieux.
    La lumière...

  • (Études latines, XVII)

    Lydia, sur tes roses joues,
    Et sur ton col frais et plus blanc
    Que le lait, coule étincelant
    L'or fluide que tu dénoues.

    Le jour qui luit est le meilleur
    Oublions l'éternelle tombe.
    Laisse tes baisers de colombe
    Chanter sur tes lèvres en fleur.

    Un lys caché répand sans cesse
    Une odeur divine en...

  • Mieux que l'aigle chasseur, familier de la nue,
    Homme ! monte par bonds dans l'air resplendissant.
    La vieille terre, en bas, se tait et diminue.

    Monte. Le clair abîme ouvre à ton vol puissant
    Les houles de l'azur que le soleil flagelle.
    Dans la brume, le globe, en bas, va s'enfonçant.

    Monte. La flamme tremble et pâlit, le ciel gèle,
    Un...

  • Prends ce bloc d'argent, adroit ciseleur.
    N'en fais point surtout d'arme belliqueuse,
    Mais bien une coupe élargie et creuse
    Où le vin ruisselle et semble meilleur.
    Ne grave à l'entour Bouvier ni Pléiades,
    Mais le choeur joyeux des belles Mainades,
    Et l'or des raisins chers à l'oeil ravi,
    Et la verte vigne, et la cuve ronde
    Où les vendangeurs...

  • Si l'Aurore, toujours, de ses perles arrose
    Cannes, gérofliers et maïs onduleux ;
    Si le vent de la mer, qui monte aux pitons bleus,
    Fait les bambous géants bruire dans l'air rose ;

    Hors du nid frais blotti parmi les vétivers
    Si la plume écarlate allume les feuillages ;
    Si l'on entend frémir les abeilles sauvages
    Sur les cloches de pourpre et les...

  • Oriôn, tout couvert de la neige du pôle,
    Auprès du Chien sanglant montrait sa rude épaule ;
    L'ombre silencieuse au loin se déroulait.
    Alkmène ayant lavé ses fils, gorgés de lait,
    En un creux bouclier à la bordure haute,
    Héroïque berceau, les coucha côte à côte,
    Et, souriant, leur dit : Dormez, mes bien-aimés.
    Beaux et pleins de santé, mes chers petits, dormez...

  • (Études latines, V)

    Depuis neuf ans et plus dans l'amphore scellée
    Mon vin des coteaux d'Albe a lentement mûri ;
    Il faut ceindre d'acanthe et de myrte fleuri,
    Phyllis, ta tresse déroulée.

    L'anis brûle à l'autel, et d'un pied diligent
    Tous viennent couronnés de verveine pieuse ;
    Et mon humble maison étincelle joyeuse
    Aux reflets des coupes...

  • La terre était immense, et la nue était morne ;
    Et j'étais comme un mort en ma tombe enfermé,
    Et j'entendais gémir dans l'espace sans borne
    Ceux dont le coeur saigna pour avoir trop aimé :

    Femmes, adolescents, hommes, vierges pâlies,
    Nés aux siècles anciens, enfants des jours nouveaux,
    Qui, rongés de désirs et de mélancolies,
    Se dressaient devant moi...

  • Un long silence pend de l'immobile nue.
    La neige, bossuant ses plis amoncelés,
    Linceul rigide, étreint les océans gelés.
    La face de la terre est absolument nue.

    Point de villes, dont l'âge a rompu les étais,
    Qui s'effondrent par blocs confus que mord le lierre.
    Des lieux où tournoyait l'active fourmilière
    Pas un débris qui parle et qui dise : J'...